Le Journal de Montreal

House of Cards, quel ennui !

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Mais rendu à la saison 5, ça va, on a compris. Vous n’avez rien d’autre à nous proposer?

on va se dire la vérité. House of Cards, sur netflix, est la série la plus surévaluée du moment.

Autant j’ai adoré cette série à sa création, autant cette cinquième saison est ennuyante. Comme si les auteurs, acteurs et réalisateu­rs s’étaient dit: «On n’a pas besoin de se forcer, on va surfer sur notre succès, les gens vont nous regarder de toute façon».

Hmmm, désolée les amis, mais vous auriez pu vous forcer.

LE MAL AU BUREAU OVALE

Très honnêtemen­t, la seule raison pour laquelle j’ai continué à regarder la cinquième saison, c’est pour Robin Wright (Claire Underwood). Cette comédienne absolument splendide éclaire l’écran dès qu’elle apparaît. Et on s’extasie à chaque fois devant la beauté de ses tenues. Mais quand elle n’est plus là, on perd l’intérêt.

Kevin Spacey (Frank Underwood) est sur le pilote automatiqu­e. On l’entend presque nous dire: «Je n’ai qu’à refaire les mêmes mimiques que je fais depuis quatre saisons, et je vais récolter mon beau gros chèque».

Les histoires qui nous sont racontées sont plus invraisemb­lables: qui va croire que la première dame des États-Unis peut coucher avec son amant à la Maison-Blanche, au vu et au su de tout le monde, sans que ça fasse de vagues?

Ce qui faisait le charme initial de House of Cards, c’était sa descriptio­n des coups bas qu’il faut faire pour accéder au pouvoir.

Mais HOC5 est rendue une caricature: il y a tellement de personnage­s auxquels on fait référence (sénateurs, congressme­n, etc.) qu’on se perd dans les méandres et on ne se souvient plus qui fait quoi (et franchemen­t, on s’en fout un peu).

Ce n’est pas si intéressan­t que ça de créer tout un épisode autour de la tactique de «filibuster»: le spectateur n’a pas un doctorat en politique pour en comprendre toutes les subtilités.

Mais ce qui me choque le plus avec cette cinquième saison, c’est que la série a évacué toute nuance. A-t-on vraiment besoin de voir les faces de Claire et de Frank Underwood découpées dans des citrouille­s à l’Halloween pour comprendre que ces deux-là sont des vraies sorcières? Bouhouhou!

Misère! C’est de la vieille télé qu’on nous offre à Netflix: tout est surligné au crayon gras. On a l’impression de regarder une bande dessinée de zombies des années 60: «Les Super Méchants De La Politique ont envahi la Maison-Blanche».

Les premières saisons de House of Cards servaient à nous montrer le côté machiavéli­que des Underwood. Mais rendu à la saison 5, ça va, on a compris. Vous n’avez rien d’autre à nous proposer?

LES REQUINS DE LA POLITIQUE

Je ne veux pas gâcher votre plaisir et révéler des infos, mais certains revirement­s sont tellement ridicules qu’on ne peut que pouffer de rire.

Il y a une expression pour décrire ce moment où les auteurs ne savent plus quoi inventer pour surprendre le spectateur: «Jump the shark». C’est une référence à un épisode de Happy

Days dans lequel Fonzie sautait par-dessus un requin. C’est officiel: House of Cards a vraiment sauté par-dessus les requins de la politique. Quelle déception. Ou comme dirait Trump: «Quel covfefe!».

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