Il lui faut 40 000 $ pour aller aux Jeux
Privé d’un brevet de financement par Snowboard Canada, Sébastien Beaulieu devra se débrouiller seul
QUÉBEC | Privé de son brevet de financement pour une deuxième année de suite même s’il est champion canadien, le planchiste Sébastien Beaulieu a fixé le coût de la prochaine saison qu’il devra payer de sa poche pour espérer se qualifier pour les Jeux olympiques: «probablement 35 000 $ et même autour de 40 000 $».
Le Québécois a appris cette semaine que sa fédération nationale, qui évoque un financement épuisé, ne l’avait pas recommandé parmi les quatre athlètes de la discipline du snowboard alpin pour l’obtention d’un soutien annuel de 18 000 $ (1500 $ par mois) du Programme d’aide aux athlètes (PAA) de Sport Canada.
Canada Snowboard (CS) a soumis les noms de 32 athlètes, soit 18 en Big Air/Slopestyle, 10 en snowboardcross et quatre chacun dans les disciplines de la demilune et du alpin.
«Je trouve aberrant qu’on ne soit pas capable de supporter nos meilleurs athlètes dans toutes les disciplines. Mes chances d’aller aux Jeux olympiques sont excellentes, je suis champion canadien, mais, aujourd’hui, je me retrouve sans financement. Quand le fédéral annonce en grande pompe des investissements de 5 millions $ (par année pour cinq ans, selon le budget dévoilé en mars dernier), mais qu’on ne voit rien de tout ça en bout de ligne, c’est vraiment absurde», s’indigne l’athlète originaire de Sherbrooke qui réside maintenant à Saint-Ferréol-les-Neiges.
SYSTÈME D
Le planchiste de 26 ans juge injustes les critères de CS dans l’attribution des brevets et n’entend pas porter en appel cette décision, un exercice dans lequel il avait échoué l’an dernier devant le Centre de règlement des différends sportifs du Canada et perdu une somme qu’il évalue à 8000 $ en frais d’avocat. À huit mois des Jeux de Pyeongchang, avec en vue les camps d’entraînement et les cinq Coupes du monde auxquelles il devra participer pour se qualifier, Beaulieu devra avoir recours au «Système D» de la débrouillardise, une option qui lui avait permis de participer à la dernière saison en recueillant 30 000 $ en sociofinancement et commandites.
«Je vais être obligé de refaire sensiblement la même chose. Je vais devoir m’activer bientôt. Le faire deux années de suite, c’est beaucoup d’énergie que j’aimerais mettre ailleurs», déplore-t-il toutefois.
Au moment d’acheminer cet article, le gestionnaire du comité haute performance de CS, Tyler Ashbee, n’avait pas répondu à nos questions soumises par
courriel.
DEVENIR INDÉPENDANT
Beaulieu prévoit devoir assumer toutes les dépenses de la prochaine saison de Coupe du monde (avion, hébergement, frais de subsistance, etc.) qui débutera en Italie le 14 décembre. D’ici là, - «si je suis capable d’amasser l’argent nécessaire», dit-il -, il souhaite également participer à un camp d’entraînement sur neige au Chili, du 15 août au 2 septembre, dont il évalue les coûts entre 5000 $ et 6000 $.
Pour se sauver des frais d’inscription de 3333 $ qu’il dit devoir payer à l’équipe canadienne pour la prochaine saison, II réfléchit à l’idée de se proclamer athlète indépendant. Il cite l’exemple de Richard Evanoff qui, relate-t-il, s’est joint à l’équipe la saison dernière afin de profiter de l’encadrement d’entraînement sans débourser ce droit d’entrée.
«C’est complètement absurde que je n’obtienne pas mon «carding» (brevet), mais que vous me chargiez 3333 $, alors que des athlètes peuvent se joindre à nous sans payer», mijote Beaulieu comme argument déjà prêt devant sa fédération.