La course des données
Le Grand Prix est le théâtre d’une guerre de données sans précédent
les écuries de F1 se livrent une guerre sans merci sur la piste de course, mais la bataille des données qui se joue en coulisses est de plus en plus cruciale pour la victoire, a rappelé le numéro 1 du système d’information chez renault Sport Formula 1 Team, Pierre D’Imbleval, après une conférence sur la transformation numérique organisée par microsoft au Centre des sciences de montréal, hier. Pourquoi les données sont-elles désormais importantes à ce point ? Dans le monde de la Formule 1, la performance de la voiture et de l’équipe dans le championnat dépendra de notre capacité à tirer la plus grande part des données générées. Notre voiture est un bel objet connecté bourré de capteurs qui envoient des données en permanence. Est-il vrai que vous fabriquez une « nouvelle » voiture pour chaque course ? Oui, nous fabriquons un produit quasiment différent chaque semaine… L’utilisation permanente des données nous permet de construire la pièce qui contribuera à la performance de la voiture lors de la prochaine course. La voiture que nous façonnons n’est pas celle qui a été utilisée pour la course précédente. le pilote va-t-il disparaître au profit des logiciels ou même des… robots ? Ce n’est pas ma vision du sport automobile, parce que j’espère que nous continuerons de mettre en valeur le pilote. Dans ce sport, ce que nous voulons, c’est mesurer la performance des hommes et leur capacité à maîtriser une machine. Il y aura certainement des courses totalement robotisées, ça existe déjà, d’ailleurs, mais ça ne sera pas notre domaine. la F1 est-elle un laboratoire pour les géants informatiques ? Un laboratoire, je ne sais pas. C’est, en tout cas, un formidable champ d’investigation pour la technologie. Les vitesses de transmission des données entre la voiture et le garage, ou encore le garage et l’usine, doivent être mesurées avec précision. Le fonctionnement d’une entreprise de Formule 1 est un fantastique champ d’expérimentation pour le monde des technologies. Il y a 10 ans, un métier comme le vôtre avait-il autant d’importance ? Le volume de données générées est beaucoup plus important et bien plus facile à acquérir de nos jours. Il y a 10, 15 ou 20 ans, il n’y avait pas de télémétrie… Le pilote était tout seul sur la piste. Aujourd’hui, il est surveillé. Nous pouvons récupérer un tas d’informations qui dépassent même la capacité de traitement du pilote.