Un tétraplégique veut inventer des machines pour aider les paralysés
Après avoir subi un accident de surf, il étudie en génie mécanique pour aider ses pairs
SHERBROOKE | Un étudiant en génie de l’Université de Sherbrooke paralysé des jambes et des mains participe à deux inventions qui pourraient améliorer la qualité de vie des tétraplégiques comme lui.
Didier Prince, 25 ans, est devenu tétraplégique en août 2015 lorsqu’il s’est blessé gravement en pratiquant le surf pendant des vacances en Caroline du Nord.
«Ma planche a piqué du nez au lieu de glisser sur la vague et ça m’a propulsé vers l’eau, comme pour un plongeon», expliquet-il.
Le surfeur a alors frappé une roche ou le fond de l’océan.
«Après l’impact, je n’étais plus capable de bouger quoi que ce soit», raconte celui qui avait trois vertèbres fracturées.
Encore aujourd’hui, il se déplace en fauteuil roulant. Il réussit à peine à bouger ses bras, mais il a très peu de dextérité manuelle.
Après avoir montré une grande force de caractère (voir autre article), il est revenu sur les bancs d’école à l’Université de Sherbrooke en septembre 2016, en génie mécanique.
DEVENIR INGÉNIEUR
Son but est de devenir ingénieur afin de faciliter la vie des gens qui, comme lui, sont tétraplégiques.
Il participe avec des collègues à deux inventions qui pourraient permettre aux gens paralysés d’avoir une meilleure qualité de vie.
La première est un exosquelette, nommé Exodus, qui permettra l’extension du coude et aidera à saisir des objets.
«Notre client cible est Didier, car c’est dans le but de lui fournir un appareil permettant d’augmenter son autonomie que nous avons créé ce projet», explique une membre du groupe, Marie-Pier Gaudet.
Les étudiants réalisent Exodus dans le cadre de leur baccalauréat en génie mécanique à l’Université de Sherbrooke, à la fin duquel les futurs ingénieurs doivent présenter une invention.
«C’est aussi un moyen d’utiliser toutes nos connaissances acquises afin de rendre service à un de nos camarades de classe», poursuit-elle.
Exodus allie plusieurs disciplines: mécanique, mécatronique, ergothérapie, biomécanique et sciences de la santé.
INGÉNIERIE ET ALTRUISME
Le chargé de cours, Simon Hamel, espère que ce projet ambitieux aidera Didier Prince et la carrière d’ingénieurs des étudiants.
«Il démontre qu’ingénierie et altruisme peuvent cohabiter», souligne la professeure Ève Langelier.
Didier Prince est touché par cette initiative venant de ses pairs.
Il a également entrepris son propre projet de fin de bac. Ce mordu de ski alpin travaille à concevoir, avec sept étudiants de sa cohorte, un appareil qui permettrait aux tétraplégiques de skier seuls en montagne. Cette future invention porte le nom de la déesse nordique des montagnes, Skadi.
Ces projets pourraient constituer des percées intéressantes pour les tétraplégiques.
«C’est à voir», dit M. Prince, confiant.