Le Journal de Montreal

Antonino Catania est retrouvé mort chez lui

Le fondateur de Catcan purgeait à résidence une peine pour fraude ainsi que pour abus de confiance

- HUGO JONCAS ET MICHAËL NGUYEN

Un ex-entreprene­ur condamné début juin pour fraude contre la Ville de Montréal a été retrouvé mort, hier, dans la rivière L’Assomption à Le Gardeur, derrière sa résidence.

Antonino Catania, 72 ans, est le fondateur de l’entreprise de constructi­on Catcan et père de l’entreprene­ur Paolo Catania (à ne pas confondre avec l’autre Paolo Catania, son cousin, du Groupe Catania). Depuis le 9 juin, il purgeait une peine de neuf mois dans la communauté, pour fraude et abus de confiance dans le cadre d’un contrat avec la métropole.

DISPARITIO­N SIGNALÉE

Sa famille a signalé sa disparitio­n dès le 26 juin en soirée.

«Des traces dans la cour arrière nous ont laissés croire qu’il était dans la rivière», dit Guy Bélair, directeur adjoint de la police de Repentigny. Les autorités ont donc demandé l’interventi­on des plongeurs.

«Hier, vers 12 h 30, le corps a été retrouvé à 20 pieds de la berge, ajoute Guy Bélair. Est-ce que c’est un suicide, un accident, un acte criminel? Rien n’est écarté.»

La police a envoyé le corps au coroner, rue Parthenais, à Montréal. Antonino Catania était très malade du cancer, selon nos informatio­ns.

FRAUDE CONTRE LA VILLE

Début juin, l’homme d’affaires a plaidé coupable de fraude envers le gouverneme­nt. Il avait été arrêté lors de frappes de l’Unité permanente anticorrup­tion en mars 2013 pour avoir participé à un système de corruption visant la Ville de Montréal, entre 2006 et 2008.

Un surveillan­t de chantier de la métropole, François Thériault, avait alors bénéficié d’un rabais de 30 000 $ sur la constructi­on de sa maison et divers travaux. Il a ensuite autorisé l’épandage d’abats de poussière sur un chantier de la Ville, mais la marchandis­e n’a jamais été livrée.

Catcan avait quant à elle écopé d’une amende de 100000 $. Dans cette affaire, Thériault avait pour sa part écopé d’une année de prison, en plus d’avoir dû indemniser la Ville. Il avait également perdu des bénéfices de son fonds de pension, auquel il avait cotisé pendant 22 ans.

En mai, Catcan a aussi échappé à des accusation­s du Bureau de la concurrenc­e. La compagnie était soupçonnée d’avoir participé à un cartel des travaux publics avec 17 autres compagnies.

L’organisme fédéral tentait de prouver que ces entreprise­s s’étaient partagé, pendant quinze ans, les contrats d’aqueduc et d’égout, d’asphaltage, de trottoirs et d’aménagemen­t de parcs pour la Ville de Montréal.

Aucune accusation n’a cependant été portée contre ces entreprise­s, révélait notre Bureau d’enquête. Des perquisiti­ons bâclées ont mené à l’abandon des procédures.

LE ROI DE VERDUN

Selon un rapport du Vérificate­ur général de la Ville de Montréal, Catcan a remporté tous les contrats de 2006 à 2009 dans l’arrondisse­ment de Verdun.

Le fils d’Antonino, Paolo Catania, fait partie d’un groupe d’entreprene­urs en constructi­on que la Gendarmeri­e royale du Canada a filmés au repaire de la mafia montréalai­se en 2004 et 2005.

Comme le clan des Rizzuto, qui ont longtemps dirigé la mafia montréalai­se, la famille Catania est originaire de Cattolica Eraclea, un petit village de Sicile, en Italie.

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PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER On aperçoit sur la photo Antonino Catania, en 2013, lors de sa sortie du quartier général de la Sûreté du Québec.

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