Le Journal de Montreal

Les procureurs de retour sur les bancs d’école

Les avocats vont parfaire leur art à l’École des poursuivan­ts

- MICHAEL NGUYEN michael.nguyen @quebecorme­dia.com 514.599.5888 8010

NICOLET | Même s’ils font condamner les pires criminels de la province à longueur d’année, des centaines de procureurs sont retournés dans les salles de classe ces derniers jours afin de parfaire leur expérience.

« À l’École des poursuivan­ts, nos procureurs suivent des cours intensifs, ça leur permet de gagner de l’expérience, mais aussi de partager leurs expertises », explique Me Annick Murphy, la grande patronne du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales [DPCP].

Ainsi, comme à chaque année depuis 15 ans, des procureurs de la Couronne se déplacent à l’École nationale de police du Québec à Nicolet, qui est prêtée aux procureurs pour l’occasion.

Pendant deux semaines, ils dorment sur place et mangent à la cafétéria, comme dans un camp de vacances.

AFFRONTER UN JURY

Mais les programmes ne sont pas une partie de plaisir, prévient Me Murphy. Les classes commencent à 8 h 30, et se poursuiven­t jusqu’à 17 h. Les soirées sont réservées aux échanges entre les procureurs de tous les districts judiciaire­s

Les nouveaux procureurs de la Couronne ont une formation obligatoir­e, tandis que ceux d’expérience assistent plutôt à des cours spécialisé­s.

La semaine dernière, lors de la visite du Journal, une douzaine de procureurs expériment­és suivaient un cours sur les procès devant jury.

Parmi les formateurs figuraient Me Louis Bouthillie­r, qui avait fait condamner Luka Rocco Magnotta en 2014, ainsi que Me René Verret, qui a contribué à la condamnati­on de l’ex-cardiologu­e Guy Turcotte pour le meurtre de ses enfants.

« La plupart des procureurs dans cette classe n’ont jamais procédé devant jury, explique Me Murphy. Il y a des exercices pratiques, c’est du sérieux et ils doivent arriver préparés. »

Dans les autres salles de classe, les procureurs suivent des cours sur la contrefaço­n, les crimes économique­s ou encore la preuve par experts. Des formations sur la gestion des projets d’envergure et sur la divulgatio­n de la preuve sont aussi données.

Il y a quelques jours, un juge a d’ailleurs sermonné la Couronne pour « la communicat­ion de preuve tardive et ardue » dans un dossier. Ce n’était pas la première fois que des procureurs faisaient face à la critique, entre autres dans le procès SharQc aux dépens des Hells, et qui a fini en queue de poisson.

POUR LES VICTIMES

Et dans toutes les formations, un accent particulie­r est mis sur l’accompagne­ment des victimes dans le processus judiciaire, tient à souligner Me Murphy.

« C’est un aspect extrêmemen­t important, et c’est une de nos obligation­s en tant que procureurs », conclut-elle.

 ?? PHOTO CHANTAL POIRIER ?? Me Annick Murphy, la grande patronne du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales [DPCP], a participé à la formation d’une centaine de procureurs qui sont venus compléter leurs connaissan­ces récemment à l’École des poursuivan­ts à Nicolet.
PHOTO CHANTAL POIRIER Me Annick Murphy, la grande patronne du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales [DPCP], a participé à la formation d’une centaine de procureurs qui sont venus compléter leurs connaissan­ces récemment à l’École des poursuivan­ts à Nicolet.

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