Des élèves en échec obtiennent la note de passage
Les commissions scolaires appliquent le même principe que le ministère de l’Éducation
QUÉBEC | Il n’y a pas que le ministère de l’Éducation qui accorde automatiquement la note de passage aux élèves qui obtiennent 58 % ou 59 % lors des épreuves ministérielles. Cette pratique est aussi répandue dans plusieurs commissions scolaires, malgré la directive ministérielle récemment émise, a constaté Le Journal.
C’est notamment le cas à Québec et en Outaouais (voir encadré), où cette pratique existe dans les écoles secondaires depuis plusieurs années.
Dans les trois commissions scolaires de la région de l’Outaouais, on explique que cette façon de faire est calquée sur le guide de sanction du ministère de l’Éducation, qui a recours au même procédé pour les épreuves ministérielles.
« Le système met automatiquement 60 % à ceux qui ont 58 % ou 59 % parce qu’on considère qu’il peut y avoir une marge d’erreur. Les enseignants sont au courant, ça fait des années que ça se fait et ça n’a jamais été contesté. Ça permet d’éviter la multiplication des révisions de notes », explique Claude Beaulieu, président de la Commission scolaire des Draveurs, qui a été directeur d’une école secondaire pendant une douzaine d’années.
DIRECTIVE MINISTÉRIELLE
Même si cette pratique n’est pas nouvelle, elle soulève des questions dans les rangs des enseignants, à la suite de la directive envoyée récemment au réseau scolaire par le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, qui visait à mettre fin à des pratiques de manipulation de notes qui ont fait la manchette ce printemps. Certains pensaient que l’ajustement automatique des notes cesserait à la suite de ce mot d’ordre.
« La directive a été émise, mais rien n’a changé en réalité. Il y a un flou et c’est ça qui dérange. Est-ce qu’on peut avoir une consigne claire qui sera appliquée partout ? » lance une enseignante de l’Outaouais, qui a requis l’anonymat par crainte de représailles.
À la Fédération autonome de l’enseignement, son président Sylvain Mallette déplore que le message du ministre n’ait pas été entendu. Il estime que les justifications des commissions scolaires ne tiennent pas la route et déplore l’iniquité qui règne, puisque les règles diffèrent visiblement d’un endroit à l’autre.
« TRIPOTAGE DE NOTES »
Ces nouvelles informations démontrent que le « tripotage de notes » est plus répandu que ce qu’a laissé entendre le ministre Proulx, ajoute-t-il. « Plus on creuse, plus on découvre que le ministre s’est fait rouler dans la farine », lance M. Mallette.
Lorsque le ministre Proulx a envoyé sa directive à la fin mai, il n’a toutefois pas mis fin au « traitement statistique » du ministère de l’Éducation qui accorde automatiquement la note de passage à des élèves qui obtiennent 58 % ou 59 %.
Au cabinet du ministre Proulx, on nous a plutôt dirigés vers le ministère de l’Éducation qui n’avait pas répondu à notre demande en début de soirée hier.