Le Journal de Montreal

La meilleure brigadière du Canada est à Laval

Elle connaît le prénom de chaque écolier et a toujours un mot gentil pour tous

- CAMILLE GARNIER

Une ancienne comptable qui veille sur chaque enfant comme si c’était le sien vient d’être nommée meilleure brigadière du pays.

« Mon père a été policier pendant 20 ans à Montréal et c’est pour marcher dans ses pas que je suis devenue brigadière, explique Monique Tremblay. Il m’a vu débuter avant son décès et je sais que ça le rendait très fier. »

La dame de 69 ans que les 440 élèves de l’école primaire Terry-Fox, de Laval, appellent tous « Madame Monique », exerce la mission de brigadière depuis une quinzaine d’années. Même si son travail ne l’occupe que deux heures par jour, elle le prend très au sérieux.

« Nous sommes les yeux et les oreilles des enfants sur le chemin de l’école, soutient-elle. Un brigadier doit veiller à la sécurité des enfants, mais aussi les mettre à l’aise car, à cet âge-là, beaucoup sont timides. »

INATTENDU

Si Monique Tremblay jure ne pas avoir de « chouchous », certains écoliers lui vouent une affection sans bornes.

« Je connais le prénom de chacun : il y a la petite Annabelle, qui me court toujours dans les bras, et Olivia, qui dit tellement de bien de moi que sa mère m’a offert une carte de chez Tim Hortons, dit-elle en souriant. Je m’intéresse vraiment à eux, je leur offre un service personnali­sé et ils apprécient. »

Cet engagement sans faille a valu à l’ancienne comptable de 69 ans de recevoir, il y a quelques jours, le prix de meilleure brigadière du Canada dans le cadre d’un programme mondial de protection des enfants piétons.

Mais plus que le trophée, ce qui touche le coeur de cette dame, c’est la gratitude de ses jeunes protégés.

« Je ne me suis jamais portée candidate pour ce prix, ce sont les enfants qui ont complété et déposé mon dossier, rappelle Monique Tremblay. Je ne pensais pas avoir cette importance à leurs yeux, c’est plus que touchant. »

DIFFÉRENTE

Les enfants ne sont pas les seuls à apprécier le travail de cette brigadière d’élite. Leurs parents aussi ont été séduits par la méthode de « Madame Monique ».

« C’est un vrai rayon de soleil, cette femme, s’enthousias­me Jon Moniz, le père du jeune Alessio, 8 ans. Elle connaît tous les enfants et surtout elle s’intéresse à eux, leur demande s’ils ont de bons résultats ou des examens à préparer. »

« Je vais vous avouer que, certains matins, je n’ai pas trop envie d’aller au travail et c’est elle qui me redonne le sourire », avoue le père de famille.

« Avec Monique, je n’ai aucune inquiétude, confirme Jacynthe Vezeau, la mère de deux élèves de l’école. Non seulement elle protège nos enfants mais, le vendredi, elle les gâte même avec des friandises. »

Cette reconnaiss­ance est importante pour Monique Tremblay, car le rôle de brigadière est parfois ingrat.

« Il faut avoir de l’autorité pour que les enfants nous obéissent et en même temps être souriante et diplomate, affirme la grand-mère de cinq petits-enfants. Le plus difficile, ce n’est pas d’être dehors en hiver comme on pourrait croire, mais plutôt les automobili­stes impatients qui s’emportent contre nous. »

« Quelques jours avant de gagner le titre de meilleure brigadière, je m’étais fait insulter par un conducteur qui trouvait que je le retardais, confie-t-elle. Cela m’avait fait beaucoup de peine et j’ai trouvé que c’était un beau signe du destin de recevoir cette récompense juste après. »

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PHOTO CAMILLE GARNIER La brigadière Monique Tremblay alterne les gestes précis envers les automobili­stes et les compliment­s pour les enfants.

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