Donner 10 M$ à Khadr choque les conservateurs
Les néo-démocrates, les bloquistes et plusieurs organisations saluent au contraire l’offre du gouvernement
OTTAWA | La décision du gouvernement Trudeau d’offrir des excuses et une indemnité de plus de 10 millions $ à Omar Khadr ne fait pas l’unanimité parmi les partis d’opposition à Ottawa.
Alors que le geste est salué par le Nouveau Parti démocratique, le Bloc québécois et de nombreuses organisations de la société civile, les troupes conservatrices l’ont pourfendu.
« De donner 10,5 millions à un djihadiste qui a tué un soldat américain, ça ne fait aucun sens. C’est une insulte pour les Canadiens », a pesté en entrevue téléphonique le député conservateur Pierre Paul-Hus.
Citant des sources anonymes, les quotidiens torontois Toronto Star et le Globe and Mail ont rapporté hier qu’Ottawa allait verser plusieurs millions de dollars à Omar Khadr, pour compenser les mauvais traitements qu’il a subis pendant sa captivité.
Questionné sur le sujet hier au cours d’une visite en Irlande, le premier ministre Justin Trudeau n’a pas confirmé ni nié le règlement dans l’affaire Khadr.
« Il y a depuis plusieurs années un processus judiciaire qui se déroule sur ce cas. Nous anticipons que ça va venir à son terme très bientôt », a affirmé M. Trudeau.
Le Parti conservateur se retrouve une nouvelle fois isolé dans le dossier de l’enfant soldat.
Le député du Bloc québécois, Luc Thériault, accuse l’opposition officielle de faire de la « petite politique » et de tomber dans la « démagogie ».
« ÉCOEURANT »
« Je trouve ça écoeurant, d’entendre les conservateurs faire de la politicaillerie avec ce sujet-là », a même lâché M. Thériault.
« Les droits de la personne, ce n’est pas juste une coquille vide et des slogans électoraux. Les enfants soldats, ça existe et ils sont endoctrinés », a-t-il ajouté.
Né à Toronto, Omar Khadr a été fait prisonnier à l’âge de 15 ans à la suite d’un combat contre des soldats américains en Afghanistan. Il a croupi derrière les barreaux durant 13 ans, dont 10 passés dans la prison de Guantanamo, à Cuba, où il a été battu et torturé.
Omar Khadr a finalement plaidé coupable du meurtre d’un soldat américain en 2010, dans le but d’enfin quitter Guantanamo, admettra-t-il plus tard.
Pour le néo-démocrate Alistair MacGregor, le règlement entre Ottawa et le clan Khadr constitue une victoire pour la justice au pays.
En 2010, la Cour suprême du Canada a jugé que le Canada avait violé les droits fondamentaux d’Omar Khadr.