Là où va le Texas vont les États-Unis
Alexander Radulov a finalement préféré Dallas à Montréal. Possible que ce soit des considérations purement sportives qui l’aient poussé à prendre la direction du Texas. Encore plus probable que le taux d’imposition d’environ 35 % l’ait convaincu, sans faire de grands calculs, qu’il allait lui en rester plus en poche que s’il s’incrustait au Québec. Cela dit, il est loin d’être le seul à descendre ainsi la Highway 35.
Le Texas est en train de devenir le grand État-laboratoire des ÉtatsUnis. L’économie – jusqu’à récemment fortement liée à l’industrie pétrolière – se diversifie ; la population change, elle aussi et, par extension, les idées politiques qui ont placé l’État, pendant des décennies, dans le camp conservateur.
C’est une expression que tout le monde connaît aux États-Unis : «Tout est plus gros au Texas!» Il faut dire qu’avec un PIB de 1 600 milliards de dollars, si le Texas était son propre pays, il se classerait 10e au monde, devant le Canada et tout juste derrière le Brésil, qui est pourtant sept fois plus peuplé. En dépit de la chute du prix du baril de pétrole, l’économie texane n’a pas cessé de prendre de l’expansion : une croissance de plus de 20 % au cours des cinq dernières années!
DE L’ÉNERGIE EN MASSE
Ses grandes villes à elles seules sont de véritables locomotives économiques : de Houston, l’Arabie saoudite made in America, à Austin, la capitale, qui attire chaque année toujours plus de diplômés universitaires, de jeunes familles et d’immigrants. Si à la grandeur de l’État, avec un taux de chômage de 4,8 %, on flirte avec le plein emploi, les grands centres font mieux encore : 3,8 % de chômage à Dallas, 3,6 % à San Antonio.
En fait, le magazine financier Forbes classe le Texas, cette année, premier pour ce qui est du climat des affaires, second en croissance économique parmi les États américains et troisième pour la plus forte création d’emplois depuis 2011. Triple jeu!
ÇA DÉMÉNAGE !
Pas étonnant, du coup, que contrairement à ce que l’on voit dans le nord-est des États-Unis – du Maine au Michigan, en passant par le Vermont, l’Ohio et la Pennsylvanie – de plus en plus d’Américains, année après année, vont s’installer au Texas. Uniquement en 2015, les dernières statistiques récoltées, plus de 270 000 de personnes avaient décidé de refaire leur vie làbas.
Le Texan typique est ainsi de moins en moins celui qu’on croit. Les démographes jugent, par exemple, que les transformations que subit Houston seront celles que vont connaître les États-Unis. D’une ville, en 1970, aux trois quarts blanche et à l’autre quart noire, elle s’est transformée, avec son boom économique, en mégalopole partagée de façon égale entre Blancs, Noirs, Latinos et Asiatiques. C’est ce que le Bureau américain du recensement prévoie pour les États-Unis en 2060.
DE DROITE À GAUCHE
Le grand changement qui risque de suivre est celui des choix politiques. Le Texas, pour l’instant, reste solidement républicain et les politiques le montrent. Les élus ont récemment adopté les lois contre l’avortement parmi les plus restrictives au pays. Même chose à l’égard des villes-sanctuaires, exigeant qu’elles stoppent tout service aux immigrants illégaux.
L’électorat toutefois change. Les Latinos, qui sont passés de 6,7 millions en 2000 à 10,4 millions en 2014, représentent maintenant 40 % de la population de l’État. Les démocrates font leurs calculs et savent que le temps joue pour eux. Il y a de l’action au Texas et c’est peut-être aussi ce que Radulov a conclu.