Le Journal de Montreal

Il menait la grosse vie aux frais des contribuab­les

Un ex-cadre aurait détourné plus de 410 000 $, allègue l’hôpital de St. Mary

- Jean-Louis Fortin JLFortinJD­M

Un ex-cadre de l’hôpital de St. Mary se serait graissé la patte aux frais des contribuab­les en se faisant rembourser frauduleus­ement plus de 410 000 $, entre autres pour acheter des appareils électroniq­ues et des certificat­s-cadeaux dans des magasins et des restaurant­s.

Magdi Kamel, qui a démissionn­é en février 2016 de son poste de directeur des ressources matérielle­s, a maquillé ses comptes de dépenses pendant au moins six ans, d’après les allégation­s d’une poursuite du centre hospitalie­r montréalai­s.

SELON L’HÔPITAL :

Kamel s’est fait émettre des chèques totalisant plus de 225 000 $ en fonds publics, sans fournir les pièces justificat­ives. Pour parvenir à ses fins, il aurait exploité une faille dans le système d’approbatio­n des dépenses. En tout, « 97 % des chèques associés à ces dépenses ont été signés électroniq­uement, donc sans opportunit­é concrète pour les signataire­s autorisés de noter l’absence de justificat­ifs », note le centre hospitalie­r. « Ces demandes sans justificat­ifs étaient présentées de façon récurrente et régulière, toutes les semaines ou deux semaines », ajoute l’hôpital. Il s’est également fait rembourser plus de 180 000 $ avec pièces justificat­ives, mais pour des achats qui n’étaient pas reliés à son travail. On parle ici de matériel informatiq­ue comme des iPad, ainsi que des certificat­s-cadeaux (voir ci-contre). Les vérificate­urs de la firme PwC, mandatée par l’hôpital, ont trouvé particuliè­rement louches la « récurrence anormale » de ces achats et le fait que ceux-ci étaient souvent effectués les soirs et la fin de semaine, dans des commerces situés aux environs de la résidence personnell­e de Kamel.

DÉMISSION

Ces révélation­s sont contenues dans une requête présentée par l’hôpital en Cour supérieure, en 2016, pour obtenir toutes les informatio­ns sur les comptes bancaires de Kamel. Sa luxueuse résidence située à Kirkland avait également été saisie.

Le CISSS de l’Ouest-de-l’île-de-Montréal, qui chapeaute l’hôpital de St. Mary, estimait ne pas avoir le choix d’agir ainsi compte tenu du peu de collaborat­ion de son ex-employé.

« Peu après que Kamel ait été avisé de sa suspension pour fins d’enquête, il a choisi de démissionn­er, et ensuite, via ses procureurs, refusé de collaborer à l’enquête ou de rencontrer PwC », alléguait en effet l’institutio­n.

TRANSFÉRÉ À L’UPAC

La requête vient de devenir publique à la suite d’une décision du juge Pierre-C. Gagnon, après des démarches judiciaire­s de longue haleine menées par notre Bureau d’enquête. Via ses avocats, Kamel voulait que les allégation­s à son endroit restent secrètes.

Entre-temps, en avril dernier, l’hôpital s’est désisté de sa poursuite, car il a conclu une entente hors cour avec Kamel, dont les détails sont gardés confidenti­els.

Le dossier a toutefois été transféré à l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC), qui pourrait ouvrir une enquête criminelle si elle le juge opportun.

À titre de directeur des ressources matérielle­s de St. Mary, Magdi Kamel était responsabl­e de plusieurs contrats de rénovation et d’achat d’équipement­s.

Il siégeait également au comité de vérificati­on des finances de l’hôpital et approuvait les rapports financiers.

- Avec la collaborat­ion de Éric Yvan Lemay

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PHOTOS D’ARCHIVES Magdi Kamel a démissionn­é de l’hôpital de St. Mary en février 2016, alors qu’il était suspendu le temps d’une enquête sur des irrégulari­tés. L’établissem­ent de santé a même obtenu la saisie de sa maison de Kirkland (en mortaise), dans l’ouest de l’île...
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