Des navigatrices qui défient les stéréotypes
Des femmes prennent leur place comme capitaines de navires
QUÉBEC | Pas besoin d’être un homme pour être capitaine. À la barre des voiliers Denis Sullivan, Geronimo, RoterSand et Appledore V, quatre femmes brisent la tendance fortement masculine dans la fonction de commandant de bateau.
Sur la quarantaine de voiliers présents pour le Rendez-vous 2017 (RDV2017), seulement quatre d’entre eux sont commandés par des femmes, soit les capitaines Jill Hugues (Geronimo), Tiffany Krihwan (Denis Sullivan), Ariane Tessier-Moreau (RoterSand) et E. Foretek (Appledore V).
Âgées de 31 à 45 ans, elles estiment faire facilement leur place dans un monde d’hommes. Si leur statut crée souvent un effet de surprise — elles doivent toujours préciser qu’elles sont capitaines —, celui-ci est majoritairement accueilli avec enthousiasme.
« Les gens sont surpris. Ils tiennent pour acquis que, s’il y a un homme à bord, c’est nécessairement lui, le capitaine », indique la Capitaine Hugues, qui dirige un voilier-école.
Néanmoins, elle indique être très bien soutenue par les membres de son équipage, qu’ils soient des hommes ou des femmes.
PLUS FACILE SUR LES VOILIERS
Selon la capitaine Krihwan, l’acceptation des femmes en tant que capitaines est plus difficile sur les bateaux de croisière ou de marchandise. Sur les voiliers, l’accueil est plutôt bon.
« Il faut juste être capable de faire ce qu’il faut, de prendre le lead, lance-t-elle. Je sais ce que je fais et je veille à la sécurité de mon équipage, donc il me respecte. »
La capitaine Tessier-Moreau croit qu’elle peut inspirer d’autres femmes en faisant un métier traditionnellement masculin. « Ça me rend fière, c’est certain », lance-t-elle.
Il n’en reste pas moins qu’elle doit toujours préciser qu’elle est maître à bord. « Je dois souvent défendre mon point. Spontanément, les gens vont croire que c’est notre premier officier qui est le capitaine, parce qu’il a une barbe et qu’il est plus vieux. Il a une tête qui s’apparente à celle d’un capitaine », lance-t-elle en riant.
SOCIÉTÉ PLUS OUVERTE
Le quatuor considère que la société d’aujourd’hui est généralement très ouverte et que, bien qu’elles soient une minorité — seulement 10 % des capitaines de voiliers sont des femmes —, elles s’accomplissent aisément dans leur travail.
« Peut-être qu’en tant que femme, j’ai besoin un peu plus de faire mes preuves », observe la capitaine Hugues.
« Je n’ai pas été embauchée parce que je suis une femme, mais parce que j’étais la plus compétente pour le travail », poursuit-elle.