Un PDG ruiné par les taxes
Jeff Letendre, propriétaire de Like A Hotel, doit payer 150 000 $ à la ville de Montréal
Même si la PME québécoise de location d’appartements Like A Hotel a toujours payé ses taxes, elle risque de devoir fermer ses portes parce que Montréal s’attaque à elle plutôt qu’aux milliers de logements illégaux sur Airbnb.
Jeff Letendre n’en revient pas. La taxe rétroactive de deux ans de 374 %, imposée par la ville, le saigne de 150000 $, ce qui compromet l’avenir de la compagnie qu’il a bâtie de ses mains en toute légalité depuis six ans.
« Il nous reste trois mois à vivre. Si rien ne se passe, je ferme. Je mets dehors mes 35 employés », confie-t-il au Journal, se désolant de n’avoir pas pu parler au maire de Montréal, Denis Coderre, malgré deux promesses tombées à l’eau.
Le président de Like A Hotel ne saisit pas pourquoi la ville s’acharne à ce point sur son cas, alors qu’il y a plus de 9000 annonces de logements illégaux sur Airbnb. « Depuis mes débuts, je veux être légal. Je paye ma juste part », déplore-t-il.
À l’image d’un Téo Taxi cherchant à concurrencer Uber en étant légal, Like A Hotel a misé sur la transparence pour rivaliser avec Airbnb.
« RÉPUBLIQUE DE BANANES »
« Je respecte Airbnb. Mais, moi, j’envoie mes taxes de 19 % au gouvernement. La majorité sur Airbnb n’envoie rien, ni la TVQ, ni la TPS, ni la taxe sur l’hébergement, zéro », dit-il.
Non seulement M. Letendre affirme respecter les règles municipales de Aà Z, mais il dit offrir un environnement plus sécuritaire que ses concurrents.
Le patron de Like A Hotel ne digère pas l’attitude de Montréal envers lui. « On a l’impression d’être dans une République de bananes quand on est traités comme ça », a-t-il ajouté, irrité par le lobby hôtelier qui semble avoir eu l’oreille de l’administration municipale, selon lui.
UNE LOI INEFFICACE
D’après Jeff Letendre, la loi anti-Airbnb de Québec, entrée en vigueur en avril 2016, n’est pas efficace, car personne n’est capable de l’appliquer dans la vie de tous les jours.
Déterminé à en découdre avec la ville, M. Letendre se souvient du moment où il a commencé à louer des appartements en ville.
À l’époque, il était serveur au Restaurant L’Avenue sur Mont-Royal et faisait tout luimême : ménage, téléphone, sécurité. « J’ai voulu tout faire en règle, et ma récompense, c’est qu’on me ferme ! » conclut-il.