« La course est loin d’être finie »
Chris Froome est conscient de sa mince avance à deux étapes de la fin du Tour
SALON-DE-PROVENCE | (AFP) Le Norvégien Edvald Boasson Hagen a gagné la 19e étape du Tour de France, hier, à Salon-de-Provence, à la veille du contre-la-montre de Marseille déterminant pour le podium final entre les trois premiers, Chris Froome, Romain Bardet et Rigoberto Uran.
En prenant une meilleure trajectoire dans un rond-point à 3 kilomètres de l’arrivée, Boasson Hagen a surpris ses compagnons d’échappée pour enlever son premier succès dans le Tour 2017. À Nuits-Saint-Georges, il s’était incliné pour moins de 6 millimètres face à l’Allemand Marcel Kittel dans la 7e étape.
À Salon-de-Provence, la ville de Nostradamus, qui multiplia les prophéties au XVIe siècle, le Tour s’est surtout projeté vers le second « chrono » de cette édition, dans tous les esprits.
Le peloton a d’ailleurs rallié l’arrivée avec plus de douze minutes de retard et Froome a gardé son avance intacte sur Bardet, soit 23 secondes, et sur Uran, 29 secondes. Assez pour que le Britannique soit confiant avant le contre-la-montre dont il est censé être le meilleur spécialiste des trois.
LE MINCE ESPOIR DE BARDET
À Düsseldorf, en ouverture du Tour, le vainqueur sortant — candidat à une 4e victoire — avait précédé Bardet de 39 secondes et Uran de 51 secondes. Mais la distance était sensiblement plus courte (14 km contre 22,5 km à Marseille), la route glissante en raison de la pluie et la combinaison portée par le Britannique, avec des éléments aérodynamiques contestés par d’autres équipes, lui offrait sans doute un avantage supplémentaire.
À Marseille, Froome aura l’obligation de porter la combinaison réservée au maillot jaune par les organisateurs. Il aura aussi et surtout à franchir la côte de la Bonne Mère, la route qui mène à Notre-Dame de la Garde sur un raidillon de 1200 mètres et à négocier la descente pour retrouver les avenues plates menant au stade Vélodrome.
Ce parcours, plus sélectif qu’à Düsseldorf, laisse un (très) mince espoir à Bardet, dont l’équipe AG2R La Mondiale veut croire en la possibilité d’un exploit. « Romain récupère très bien, il est toujours meilleur en fin de Tour », assure le manager Vincent Lavenu.
« Je vais me battre à fond » promet le Français. « Tant qu’on n’est pas aux Champs-Élysées... Je vais essayer de finir en beauté le Tour de France qui est déjà réussi. »
« La course est loin d’être finie », concède Froome, prudent. « Je vais traiter ce contre-la-montre comme tous ceux que j’ai courus par le passé. Je ne vais pas y aller pour prendre des risques inconsidérés ».
BOASSON HAGEN, L’ANCIEN DE SKY
La logique porterait même à placer Bardet derrière Uran, séparé du Français par un écart de 6 secondes seulement. Dans sa carrière, l’inconstant Colombien a même déjà gagné un contre-la-montre dans un grand tour (Giro 2014), sur un parcours accidenté.
« C’est “Rigo” qui est la plus grande menace dans le chrono », confirme Froome. « Des coureurs du classement général, il est le plus fort... après moi ».
Autant dire que, sauf catastrophe pour le Britannique, le retard de 29 secondes à combler pour Uran risque de s’avérer insurmontable pour que le Colombien soit le premier coureur de son pays à gagner le Tour. Mais une deuxième place le rapprocherait de son cadet Nairo Quintana, déjà deux fois deuxième du Tour derrière Froome (2013 et 2015).
Dans l’étape menant des Alpes à la plaine provençale, la plus longue de l’épreuve (222,5 km), les coureurs du classement général n’ont eu qu’à tourner les jambes. L’échappée de 20 coureurs formée après 35 kilomètres a ouvert la route à travers la Haute-Provence, sans être poursuivie par le peloton.