Un petit Canadien fait sa place
Austin Connelly figure au tableau des meneurs de la classique d’Angleterre
SOUTHPORT, Angleterre | Il n’est pas costaud, ni puissant, ni très expérimenté, mais il résiste aux intempéries et aux charges des meilleurs golfeurs au monde.
Du haut de ses 5 pi 7 po et 150 livres bien pesées, Austin Connelly n’a pas bronché devant Éole, le dieu des vents, au fil des deux premières rondes de l’Omnium britannique au Royal Birkdale.
Le jeune Canadien, âgé de 20 ans, fait sourciller les Anglais avec sa petite taille. Il les éblouit aussi.
« Il n’y a pas tant d’avantages à être petit. Je réponds fréquemment à cette question », a répondu Connelly à une journaliste après sa deuxième ronde, hier.
« Je n’ai jamais été grand, donc je ne peux pas savoir ce que c’est, a-t-il ensuite plaisanté. En fin de compte, ce n’est que du golf. Si j’étais hors du terrain, à l’extérieur des cordes, ce serait autre chose. Je ne verrais pas beaucoup d’action. Que je sois petit ou grand, ce jeu reste le même. »
En ronde initiale, il était au coeur de la course. Il est celui qui a réussi le plus d’oiselets. Six, pour être exact. Sans avoir à délier des muscles bien cachés sous sa charpente frêle, il a pu se hisser avec surprise au sixième rang du classement.
Hier, il a fait face aux conditions venteuses en matinée en limitant les dégâts avec une respectable ronde de 72 (+2), demeurant ainsi au coeur du top 10. « Le parcours était beaucoup plus long avec la direction des vents. En tout cas, ce l’était pour moi. Il y a plusieurs fosses que je ne peux surpasser. Je dois donc certaines fois jouer à court. J’avais souvent des fers longs dans les mains. C’était encourageant de travailler d’arrache-pied pour se faufiler dans les rondes du week-end. »
UN STYLE POUR LES LINKS
Selon lui, son style de jeu colle au links de Birkdale, un type de parcours qu’il adore et qu’il apprend encore à connaître alors qu’il évolue sur le circuit européen depuis le début de la saison. C’est donc l’une des explications de son bon rendement à ce 146e championnat britannique.
Le contrôle de ses fers longs en est une autre. Capable d’assommer la balle et de la diriger efficacement avec son fer 3, il tire son épingle du jeu avec les bourrasques. « Je crois que plus le vent souffle fort, meilleur ce sera pour mon jeu », a-t-il souhaité.
Disciple de Cameron McCormick, l’entraîneur de Jordan Spieth, il apprend à la bonne école. Justement, le double vainqueur d’un tournoi majeur lui a prodigué quelques conseils en ronde d’entraînement en début de semaine. Les deux golfeurs se retrouvent dans le haut du pavé.
UN FAIT RARISSIME
Rarement a-t-on vu le drapeau canadien dans le haut du tableau à l’Omnium britannique.
Il y a neuf ans, ici même à Southport, Stephen Ames avait pris le septième rang. L’année précédente, à Carnoustie, en 2007, Mike Weir avait terminé au huitième échelon. Celui-ci avait également réussi un top 10 au Royal Troon en 2004.
Connelly pourrait inscrire son nom dans le livre d’histoire du golf canadien dès son premier tournoi majeur.
Mais aussi dans celui des États-Unis. Le jeune homme jouit de la double nationalité. Son père, Bill, est de la Nouvelle-Écosse, mais il a vu le jour à Dallas. Même s’il a grandi au Texas, Church Point garde une place importante dans son coeur.
« Les gens de ma communauté en Nouvelle-Écosse ont toujours été exceptionnels envers moi. Ils m’ont toujours soutenu et c’est réjouissant d’avoir un drapeau canadien à côté de mon nom dans le haut du tableau. »
En débarquant à Southport avec le dernier billet des qualifications, qu’il avait gagné en prolongation au club de golf Royal Cinque Ports, Connelly s’était fixé deux objectifs : résister au couperet et ensuite grimper au tableau principal. Il a donc accompli une partie de sa mission.
La suite est à venir dès cet après-midi à Southport, aux côtés des Jordan Spieth, Rory McIlroy, Brooks Koepka et compagnie.