Le Journal de Montreal

De Gaulle, champion de la liberté des peuples

Le premier ministre canadien, le maire de Montréal et le premier ministre du Québec avaient tous les trois invité Charles de Gaulle en 1967.

- ÉRIC BÉDARD

Pourquoi nos chefs politiques tenaient-ils tant à ce que cet homme vienne nous visiter ? Comment expliquer son prestige ? Trois explicatio­ns…

SON COURAGE DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE

Avec le soutien de ses alliés, la France avait remporté la guerre de 14-18 contre les Allemands. Son armée était considérée comme l’une des plus puissantes au monde. Or, contre toutes attentes, les troupes d’Adolf Hitler avaient écrasé en quelques semaines seulement l’armée française au printemps 1940.

Plutôt que de plier l’échine et de collaborer avec les nazis, comme la plupart des politicien­s français de son temps, le général de Gaulle s’installe à Londres. Il invite les Français à résister à l’envahisseu­r et à se joindre aux armées de la « France libre ». Il fallait beaucoup de courage, car ses biens seront confisqués, ses titres retirés et sa tête mise à prix. Toutefois, habité par le destin de son pays, inspiré par sa riche histoire, de Gaulle persiste et finit par triompher. Grâce à lui, la France termine la guerre du côté des vainqueurs.

Homme de vision et de courage, il jouissait d’un immense prestige en 1967

SA CONDAMNATI­ON DU COLONIALIS­ME

Charles de Gaulle quitte le pouvoir en janvier 1946. Après une longue « traversée du désert », il revient aux affaires durant la crise algérienne, en mai 1958. L’Algérie est alors une colonie française déchirée par une guerre civile qui oppose la majorité arabe-berbère-kabyle à la puissante minorité des « pieds-noirs » français soutenus par l’armée. Depuis quelques années, la colonie est plongée dans une spirale de violence. Les dirigeants français en poste à Alger rêvent d’un homme fort comme De Gaulle. Ils sont convaincus que seul lui pourra rétablir l’ordre et assurer la survie de l’« Algérie française ».

Ils seront bien déçus… Après avoir envisagé divers scénarios d’associatio­n, de Gaulle soutient finalement le droit à l’autodéterm­ination des Algériens. Cette orientatio­n courageuse fait de lui le champion de la liberté des peuples. Le 1er septembre 1966, à Phnom Penh (Cambodge), de Gaulle dénonce l’invasion américaine au Vietnam. Pour les jeunes militants indépendan­tistes du Québec, qui assimilaie­nt la cause du Québec à celle des pays du tiers-monde, de Gaulle était un véritable héros.

SA VOLONTÉ DE REDONNER À LA FRANCE SA PLEINE INDÉPENDAN­CE

En 1967, le monde vivait une « guerre froide ». Deux blocs se faisaient face : les États-Unis et le monde libre d’un côté et la Russie soviétique et les pays communiste­s de l’autre. Pays de l’ouest et de l’est alignaient alors leur politique étrangère sur celle du grand frère. De Gaulle, lui, n’en faisait qu’à sa tête. S’il avait résisté à Hitler, il pouvait bien tenir tête au président américain !

Héros de guerre, homme de vision et de courage, de Gaulle jouissait d’un immense prestige en 1967. Partout où il passait, des foules immenses allaient le voir et l’entendre.

Nulle surprise que son passage au Québec n’ait laissé personne indifféren­t…

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eric.Bedard @quebecorme­dia.com

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