Le Journal de Montreal

Des documents sur l’ordinateur de son conjoint

- DOMINIQUE SCALI

Dans un premier jugement depuis sa création en 2015, l’Ordre des criminolog­ues a condamné une de ses membres pour avoir enregistré des documents confidenti­els sur l’ordinateur de son conjoint afin de faire des heures supplément­aires à la maison.

« Son souci, à l’époque, était de bien faire en faisant des heures supplément­aires pour avancer dans son travail pour ses clients », révèle un jugement rendu public il y a quelques jours.

Christine Lafleur, criminolog­ue au Centre jeunesse de la Montérégie à SaintJean-sur-Richelieu, a été condamnée à payer une amende de 1000 $ et à suivre un cours sur les obligation­s déontologi­ques.

PLAINTE

C’est son ex-conjoint qui avait lui-même déposé une plainte à l’Ordre en juin 2016 après la rupture du couple parce que les documents confidenti­els se trouvaient toujours dans son ordinateur.

En septembre 2015, Mme Lafleur était « débordée d’ouvrage » et a décidé d’apporter du travail à la maison. « Elle n’avait pas, à cette époque, d’ordinateur personnel », indique-t-on dans le document. « Ne pouvant travailler du bureau le soir, elle utilisait l’ordinateur de son ex-conjoint et lui demandait d’effacer les données par la suite, ce qu’il n’a pas fait. »

Quelque 250 pages de documents confidenti­els concernant 41 clients ont donc été enregistré­es sur cet ordinateur.

« Il s’agissait de dossiers d’enfants, de parents d’enfants, d’expertises psychologi­ques, de dossiers médicaux », illustre Tony Brien, syndic de l’Ordre.

Les documents sont restés accessible­s sur l’ordinateur pendant huit mois, jusqu’au moment où la demande d’enquête a été reçue par le syndic. À la connaissan­ce de M. Brien, les informatio­ns n’ont pas été partagées ou diffusées.

Malgré le niveau de gravité de l’infraction considéré comme « sérieux », il s’agit d’un cas qui a été facile à traiter, car Mme Lafleur a collaboré à l’enquête et avoué son erreur.

REGRETS

« Elle regrette énormément son imprudence, car jamais elle n’a voulu causer de tort à personne. Elle est très affectée par la situation », peut-on lire dans le jugement. « Elle reconnaît qu’elle n’aurait pas dû faire confiance [à son ex-conjoint]. »

« Elle comprend bien aujourd’hui qu’elle aurait dû travailler d’un poste sécurisé et affirme avec sincérité que “plus jamais, elle ne travailler­a sur l’ordinateur de quelqu’un d’autre’’. »

Aussi, son employeur fournit maintenant des tablettes électroniq­ues dont les données sont sécurisées, rapporte le jugement.

Il s’agit du premier dossier traité par le conseil de discipline de l’Ordre des criminolog­ues. D’autres dossiers touchant à la confidenti­alité ont été ouverts, mais la plupart de ceux qui sont en marche concernent des cas d’usurpation de titre, précise M. Brien.

Mme Lafleur n’a pas rendu les appels du Journal.

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