Un médecin accusé d’agressions sexuelles ne pratique plus
Son avocat plaide que la radiation provisoire n’est pas nécessaire pour protéger le public
Un omnipraticien de Montmagny accusé d’agressions sexuelles sur 10 patientes s’est engagé devant la cour criminelle à ne plus pratiquer, mais il s’oppose à la demande de radiation urgente du Collège des médecins.
« Il ne pratique plus, il n’y a pas de danger pour la protection du public », a dit maître Marc Dufour, avocat du docteur Jean-François Rancourt.
Le médecin de famille de 56 ans fait face à 10 chefs d’agressions sexuelles sur autant de patientes, pour des gestes posés entre 2012 et 2017.
Les démêlées avec la justice de cet omnipraticien font suite à un dossier devant de Collège des médecins du Québec (CMQ).
DOIGT DANS LE VAGIN
En mai dernier, le Dr Rancourt avait plaidé coupable d’inconduite sexuelle pour avoir mis un doigt dans le vagin d’une patiente, qui avait des douleurs au dos.
Or, après la parution d’un article dans Le Journal, plusieurs autres femmes ont déposé des plaintes de nature sexuelle à la Sûreté du Québec.
Arrêté le 13 juillet dernier et remis en liberté, le Dr Rancourt a pris une série d’engagements, dont celui de ne plus pratiquer la médecine, a-t-on appris hier devant le Conseil de discipline du CMQ.
Le 30 juin dernier, le syndic du Collège avait déposé une requête pour que le docteur soit radié provisoirement. Onze chefs d’infractions d’inconduite sexuelle sur sept patientes, âgées de 20 à 40 ans, ont été déposés.
Tous les faits reprochés se seraient déroulés dans le cabinet du médecin. Plusieurs femmes étaient suivies pour une grossesse.
GARANTIE
Absent lors de l’audition devant le Conseil hier, l’accusé n’a pas voulu témoigner pour sa défense.
Pour son avocat, la radiation d’urgence n’est pas nécessaire puisque son client a déjà pris des engagements clairs.
« Ce n’est pas compliqué. Cette garantie-là qu’il a offerte à la cour criminelle est sécurisante pour n’importe qui », a dit Me Dufour.
Or, le syndic n’est pas de cet avis, notamment parce que ses conditions de remise en liberté pourront être revues dès sa prochaine parution, le 8 septembre.
« On a quelqu’un en liberté et dont les conditions peuvent être modifiées en tout temps », a dit Jean Lanctôt, avocat du syndic.
« On ne peut pas, dans les circonstances du présent dossier, courir ce risque », a-t-il ajouté.
TÉMOIGNAGES
En réponse, Me Dufour a indiqué que la radiation provisoire pourrait être demandée si les conditions de liberté étaient modifiées.
Par ailleurs, Me Dufour a souligné que la plainte sur radiation n’est « nullement corroborée » et que des patientes ont donné des dates et informations erronées dans leur témoignage avec le syndic. « Cela soulève des questions », a-t-il dit. En réponse, le syndic a précisé que les erreurs de dates de rendez-vous étaient de quelques semaines, et a souligné que les dossiers remontaient à plusieurs années.
Le Conseil a pris le dossier de radiation en délibéré, mais devrait rendre une décision dans les prochains jours.