Le « magicien des mots » n’est plus
L’auteur Réjean Ducharme laisse un important héritage culturel
Considéré comme l’un des auteurs les plus originaux et prolifiques du Québec, Réjean Ducharme a rendu son dernier souffle hier à l’âge de 76 ans. Les témoignages ont été nombreux pour souligner l’oeuvre colossale de l’auteur derrière L’Avalée des avalés et Les bons débarras.
« Un auteur à la plume unique », « un géant », « un maître », « un magicien de l’art et des mots ». Les qualificatifs ne manquaient pas, hier, pour décrire l’artiste singulier qu’a été Réjean Ducharme.
Depuis les années 1960, l’auteur a fait sa marque autant en littérature (L’Avalée des avalés, L’hiver de force), qu’au théâtre (Ha ha !, Ine Pérée et Inat Tendu), au cinéma (Les bons débarras) et en chanson (Robert Charlebois, Pauline Julien).
HOMMAGES
Sur sa page Facebook hier, Robert Charlebois y est allé d’un court hommage à son ancien camarade de travail. « Le silence est d’or. Dors Réjean, dors. Depuis qu’ t’a plume s’est envolée. On n’a plus mots à piétiner dans l’Avalée des Avalés. Ta plume d’argent va continuer à réchauffer l’Hiver de force des Enfantômes. Tendresse et amitié. Robert. »
« Ducharme, c’est mon père spirituel, a dit Charlotte Laurier au Journal. Il m’a donné la parole et la colère pour me défendre toute jeune déjà. C’est rare, un rôle qui marque à ce point. C’est comme s’il avait joué avec mon ADN. [...] Les Bons débarras reste le plus grand film dans lequel j’ai joué, et cette intensité, je l’ai toujours recherchée dans le jeu. »
REMOUS OUTREMER
« Sa langue était vraiment inventive, drôle, étonnante, a mentionné au Journal Lorraine Pintal, directrice artistique du Théâtre du Nouveau Monde, qui a mis en scène certaines pièces de Ducharme. C’est un auteur qui se démarquait complètement quand il est apparu dans la galaxie littéraire québécoise et française. Il était un peu comme une comète étrange. [...] C’était un homme à multiples têtes, un touche à tout magique, un magicien de l’art et des mots. »
Dès le début de sa carrière, en 1966 avec L’Avalée des avalés, Réjean Ducharme avait causé des remous au Québec et à Paris. « Un jeune Québécois qui n’a jamais rien publié, inconnu de tous, entre dans la prestigieuse collection “Blanche” des Éditions Gallimard et est aussitôt en lice pour le prix Goncourt », a écrit dans un communiqué la maison d’édition française, hier.
« Réjean Ducharme choisit alors de se retirer dans l’anonymat et refuse toute entrevue ou apparition dans les médias, poursuit le communiqué. S’ensuit une saga unique dans l’histoire littéraire du Québec qui voit certains critiques jusqu’à dénier à l’auteur la paternité de son oeuvre. »