Le Journal de Montreal

DUR LENDEMAIN DE VEILLE

- MATTHIEU PAYEN

Parmi les dizaines de sinistrés de la tornade qui a frappé Lachute, Keith Ward s’est réveillé avec ces deux immenses pins dans sa piscine.

Un clou planté dans une bascule pour enfants a permis de confirmer que c’est bien une tornade avec des vents de 175 km/h qui a frappé Lachute mardi soir.

« Un monsieur d’Environnem­ent Canada est venu constater les dégâts dans notre jardin et il a vu un clou qui était planté dans le siège d’une bascule. Ça lui a permis de confirmer la force du vent », raconte Michel Laurin.

« Ça a frappé comme une mitraillet­te », ajoute-t-il.

M. Laurin était en train de faire la vaisselle après le souper, aux alentours de 18 h 30, lorsque le ciel s’est assombri sur la rue de l’Expo. Son épouse Lorraine Girard s’occupait de leurs trois petits-enfants, dont un bébé de cinq mois.

PANIQUE

En regardant par la fenêtre, M. Laurin a vu les arbres remuer. Puis, d’un seul coup, une auto stationnée dans la rue s’est soulevée.

« Là, j’ai pris peur, confie-t-il. J’ai compris que quelque chose n’était pas normal. J’ai crié à ma femme de se coucher à terre. »

Alertée, Mme Girard a eu l’instinct de déposer le bébé dans le cadre d’une porte. Puis, elle a figé, ses deux autres petits-enfants terrifiés à ses pieds.

« Je n’ai pas réussi à me mettre à terre malgré les cris de mon mari, je me sentais complèteme­nt impuissant­e », dit celle qui tient en journée une garderie dans sa maison.

Rapidement, le vent s’est engouffré dans la cuisine du couple de cinquanten­aires faisant voler les bibelots dans un vacarme assourdiss­ant.

« TERRIFIANT »

Dehors, l’abri et le mobilier d’extérieur de leurs voisins s’écrasaient dans leur cour, pendant que leurs propres affaires s’envolaient et atterrissa­ient dans un terrain à 50 m de chez eux.

« J’ai vraiment cru que la maison au complet y passait », se remémore Mme Girard.

« C’est terrifiant, on ne peut rien faire qu’attendre. Quand il y a un feu, on peut toujours sortir, mais pas là », dit M. Laurin encore émotif.

Après une quinzaine de secondes, le vent est retombé et le calme est revenu. La tornade venait de passer.

« Ce genre de phénomène parcourt rapidement de longues distances dans une zone étroite. C’est la grande différence entre une tornade et une micro-rafale, comme celle qui a touché le quartier Notre-Dame-de-Grâce à Montréal », explique le météorolog­ue d’Environnem­ent Canada René Héroux.

Ce dernier était sur les lieux hier pour confirmer qu’il s’agissait bien d’une tornade. « Comme personne n’a mesuré le vent, nous devons analyser les dégâts pour mesurer la force des vents », dit-il.

F-1

Le clou planté dans le jeu pour enfants a contribué à son étude. « On s’en doutait, mais il s’agit bien d’une tornade de force F-1, sur une échelle allant de F-0 à F-5, confirme le météorolog­ue. La vitesse du vent était aux alentours de 170 à 180 km/h. »

La brutalité de la catastroph­e naturelle a profondéme­nt marqué M. Laurin et Mme Girard.

« Ça fait 38 ans qu’on est ensemble et on n’avait jamais rien vécu de tel. On ne veut plus jamais revivre ça », lâche M. Laurin.

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 ?? PHOTOS MARTIN ALARIE ET VINCENT LARIN ?? Michel Laurin est agenouillé dans sa cour jonchée de débris, à côté de la balançoire dont le banc a été transpercé par un clou qui a frappé « comme une mitraillet­te » sous la force du vent.
PHOTOS MARTIN ALARIE ET VINCENT LARIN Michel Laurin est agenouillé dans sa cour jonchée de débris, à côté de la balançoire dont le banc a été transpercé par un clou qui a frappé « comme une mitraillet­te » sous la force du vent.

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