Le Journal de Montreal

Trump fait peur chez Bombardier

ALENA

- PHILIPPE ORFALI

L’avionneur Bombardier et les gouverneme­nts à Québec et à Ottawa se « préparent au pire », à un mois de la décision de Washington dans le litige commercial qui oppose les avions C Series au géant de l’aviation Boeing.

Le programme C Series, financé par Ottawa et dont Québec est actionnair­e, constituai­t il n’y a pas si longtemps le meilleur espoir de Bombardier pour se sortir du pétrin. Mais aujourd’hui, rien n’est moins sûr.

Le 25 septembre, la Commission du commerce internatio­nal (ITC) des États-Unis décidera si elle impose des droits compensato­ires sur les C Series, comme l’exige Boeing. C’est tout le programme d’avions qui pourrait dérailler dans cette éventualit­é, ont reconnu des sources ayant accepté de se confier au Journal.

« L’ITC a la gâchette facile dans l’imposition de droits compensato­ires. On se prépare au pire », a soutenu l’une d’elles. Le fait que le PDG de Boeing, Dennis Muilenburg, soit perçu comme un proche du président Donald Trump en effraie également certains.

DES MILLIONS DE PLUS ?

Il n’est pas impossible que l’organisme qui évalue la plainte de Boeing décide d’imposer des frais de 75 % sur le prix payé par le transporte­ur Delta Airlines pour les avions C Series qu’elle a commandés. Si c’est le cas, les avions de Bombardier coûteraien­t des millions de plus.

Delta pourrait carrément renoncer à l’achat des avions de Bombardier.

Autant Bombardier que les gouverneme­nts Trudeau et Couillard ont utilisé divers moyens pour faire changer d’avis Boeing. Mais le temps manque.

Ottawa a mis fin aux discussion­s concernant des projets d’achat impliquant Boeing et songe maintenant à acheter des avions de chasse F-18 usagés de l’Australie à la place.

« La pétition déposée par Boeing à l’endroit de Bombardier le 27 avril dernier est injustifié­e. Nos gouverneme­nts sont sortis publiqueme­nt pour dénoncer la situation. Nous travaillon­s afin de démontrer que les prétention­s de Boeing sont infondées », a rappelé l’attachée de presse de la ministre de l’Économie Dominique Anglade, Gabrielle Tellier.

CONCESSION­S OFFERTES

Le dirigeant de Bombardier, Alain Bellemare, aurait aussi proposé à Boeing de renoncer à l’idée de proposer un jour un avion C500 (en plus des C100 et C300, plus petits). Cet avion serait entré directemen­t en compétitio­n avec le Boeing 737.

« Pour M. Bellemare, la situation est majeure pour l’avenir de la compagnie », souligne une autre source.

Un concurrent chinois pourrait également devenir actionnair­e de Bombardier ou du programme C Series pour assurer la survie de l’entreprise.

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