Trump fait peur chez Bombardier
ALENA
L’avionneur Bombardier et les gouvernements à Québec et à Ottawa se « préparent au pire », à un mois de la décision de Washington dans le litige commercial qui oppose les avions C Series au géant de l’aviation Boeing.
Le programme C Series, financé par Ottawa et dont Québec est actionnaire, constituait il n’y a pas si longtemps le meilleur espoir de Bombardier pour se sortir du pétrin. Mais aujourd’hui, rien n’est moins sûr.
Le 25 septembre, la Commission du commerce international (ITC) des États-Unis décidera si elle impose des droits compensatoires sur les C Series, comme l’exige Boeing. C’est tout le programme d’avions qui pourrait dérailler dans cette éventualité, ont reconnu des sources ayant accepté de se confier au Journal.
« L’ITC a la gâchette facile dans l’imposition de droits compensatoires. On se prépare au pire », a soutenu l’une d’elles. Le fait que le PDG de Boeing, Dennis Muilenburg, soit perçu comme un proche du président Donald Trump en effraie également certains.
DES MILLIONS DE PLUS ?
Il n’est pas impossible que l’organisme qui évalue la plainte de Boeing décide d’imposer des frais de 75 % sur le prix payé par le transporteur Delta Airlines pour les avions C Series qu’elle a commandés. Si c’est le cas, les avions de Bombardier coûteraient des millions de plus.
Delta pourrait carrément renoncer à l’achat des avions de Bombardier.
Autant Bombardier que les gouvernements Trudeau et Couillard ont utilisé divers moyens pour faire changer d’avis Boeing. Mais le temps manque.
Ottawa a mis fin aux discussions concernant des projets d’achat impliquant Boeing et songe maintenant à acheter des avions de chasse F-18 usagés de l’Australie à la place.
« La pétition déposée par Boeing à l’endroit de Bombardier le 27 avril dernier est injustifiée. Nos gouvernements sont sortis publiquement pour dénoncer la situation. Nous travaillons afin de démontrer que les prétentions de Boeing sont infondées », a rappelé l’attachée de presse de la ministre de l’Économie Dominique Anglade, Gabrielle Tellier.
CONCESSIONS OFFERTES
Le dirigeant de Bombardier, Alain Bellemare, aurait aussi proposé à Boeing de renoncer à l’idée de proposer un jour un avion C500 (en plus des C100 et C300, plus petits). Cet avion serait entré directement en compétition avec le Boeing 737.
« Pour M. Bellemare, la situation est majeure pour l’avenir de la compagnie », souligne une autre source.
Un concurrent chinois pourrait également devenir actionnaire de Bombardier ou du programme C Series pour assurer la survie de l’entreprise.