Le Journal de Montreal

Si on parlait aussi du fascisme rouge ?

-

S’il est vrai que l’extrême-droite progresse chez nous, c’est évidemment déplorable, regrettabl­e et inquiétant.

Mais ce ne serait guère étonnant.

Elle capitalise sur un malaise social que nos dirigeants politiques ignorent et méprisent simultaném­ent.

Aux États-Unis, le président est ambivalent dans sa condamnati­on de ces excités. Le mauvais exemple vient de haut.

Chez nous, on comprend aussi l’agenda mal caché des médias qui donnent à ces hurluberlu­s une telle visibilité.

On espère contaminer par associatio­n tous ceux pour qui la question de l’identité nationale reste importante.

COMPLAISAN­CE

Fascisme noir et fascisme rouge se rejoignent sur presque tout.

Avez-vous cependant noté la différence de traitement réservée au fascisme rouge, à celui qui se réclame de la gauche ?

Hormis la question raciale, fascisme noir et fascisme rouge se rejoignent sur tout le reste : légitimati­on de la violence, monopole de la vérité, refus de reconnaîtr­e la liberté d’expression de ceux qui ne pensent pas comme eux.

Prenez ces énergumène­s du Black Bloc.

Ceux-là ne s’entraînent pas dans les bois en prévision de l’apocalypse. Ils sont déjà à pied d’oeuvre, semant la destructio­n chaque fois qu’ils le peuvent.

Certains médias déplorent en passant, parce qu’il le faut bien, leurs méfaits. Puis, on passe à autre chose.

Mais il n’y a pas de dossiers spéciaux, pas de longs reportages, pas d’avertissem­ents stridents de s’en méfier.

Ils font en quelque sorte partie du décor.

En plus de la complaisan­ce de certains médias, ils bénéficien­t aussi de celle d’une frange du monde universita­ire, tant chez des étudiants que chez certains professeur­s.

Quand cet autre fascisme se drape dans l’antifascis­me, l’antisexism­e, l’antiracism­e, l’antination­alisme ou l’anticapita­lisme, cela lui donne une espèce de sauf-conduit moral auprès de ces gens.

Ce n’est pas d’hier. J’étudiais en science politique à l’UQAM au début des années 1980.

À l’époque, on savait déjà tout des horreurs commises par Pol Pot au Cambodge ou par Mao pendant la Révolution culturelle.

J’ai eu quelques profs qui, froidement, y voyaient de « regrettabl­es bavures », des « erreurs de parcours », des « dérives ». Guère plus.

Il aurait été absolument inimaginab­le qu’ils disent la même chose de Pinochet au Chili ou de Videla en Argentine.

Pour certains, la violence de gauche a toujours été moins moralement condamnabl­e que la violence de droite.

ABERRANT

Cette posture morale se déploie sur plusieurs registres, heureuseme­nt moins extrêmes.

En 2015, des individus encagoulés entrent à l’UQAM et commencent à tout casser.

Le recteur, Robert Proulx, appelle la police. Quelques jours plus tard, des professeur­s demandent… la démission du recteur… et la clémence pour les casseurs !

Toujours à l’UQAM, Mathieu Bock-Côté s’est vu empêcher de prononcer la conférence pour laquelle on l’avait invité par des gens dénonçant « l’instrument­alisation de la liberté d’expression et de la liberté académique lorsque celle-ci sert à tenir des propos oppressifs ».

Et je pourrais multiplier les exemples de ce totalitari­sme de gauche.

Allons, un effort, quelques reportages là-dessus ?

Newspapers in French

Newspapers from Canada