Le Journal de Montreal

Crise du fentanyl : les médecins s’impatiente­nt

- ANNABELLE BLAIS ET KATHRYNE LAMONTAGNE

QUÉBEC | Avec l’arrivée de la crise du fentanyl au Québec, les médecins s’impatiente­nt et pressent le gouverneme­nt d’agir pour faire débloquer deux demandes qui leur permettrai­ent de mieux contrôler la circulatio­n d’opioïdes.

Le Collège des médecins (CMQ) demande depuis plusieurs mois au gouverneme­nt d’avoir accès aux données des prescripti­ons des médecins afin de rappeler à l’ordre les docteurs et les pharmacien­s déviants qui prescriven­t trop d’opioïdes, dont le fentanyl.

« Ça nous permettrai­t d’avoir un programme de surveillan­ce plus serré », explique le président du CMQ, le Dr Charles Bernard.

Ces données sur les médecins existent, mais la Loi d’accès à l’informatio­n empêche le CMQ de les consulter. Des changement­s législatif­s doivent donc être faits.

Le Collège a affirmé au Journal avoir reçu, ces derniers jours, l’assurance du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, que le dossier était sur le point de « débloquer ».

AILLEURS AU PAYS

Le gouverneme­nt n’a pas voulu confirmer. L’attachée du ministre de la Santé, Julie White, a indiqué que la question relevait de la ministre de l’Accès à l’informatio­n, Rita de Santis.

« Les travaux avancent bien et nous ferons les annonces au moment opportun », s’est contentée de répondre Laurence Tôth, l’attachée de Mme de Santis.

Les médecins de plusieurs autres provinces au pays ont déjà accès à ces informatio­ns.

La deuxième demande vient de la Fédération des médecins spécialist­es du Québec qui juge qu’il est prioritair­e de régler la question de la prescripti­on électroniq­ue. « C’est l’enjeu numéro un, ce qui presse, ce qui est le plus urgent », avance la présidente, Diane Francoeur.

La prescripti­on électroniq­ue permettrai­t de mieux contrôler des médicament­s, d’assurer un meilleur suivi auprès du patient en plus de diminuer l’alimentati­on du marché noir.

« LACUNES »

« Si on est capable de voir séance tenante dans un dossier qu’un patient a déjà eu cinq prescripti­ons de Dilaudid, on ne va pas en prescrire une sixième. Mais pour ça, il faut avoir accès », poursuit-elle.

À l’heure actuelle, le système de santé peut compter sur différents outils virtuels. Mais ceux-ci contiennen­t plusieurs lacunes et ne sont pas liés les uns aux autres, dénonce la Dre Francoeur. Plus tôt cette semaine, elle a ainsi fait part de ses inquiétude­s à la ministre fédérale de la Santé.

Jane Philpott a annoncé une investigat­ion sur le manque d’accès à des dossiers médicaux informatis­és au Québec. Le ministre Barrette a pour objectif d’avoir un dossier centralisé.

« C’est un rêve pour tout le monde. Sauf qu’on voudrait que ça arrive avant 2058 », termine la Dre Francoeur.

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