Le Journal de Montreal

L’aide médicale à mourir divise encore

Une recherche s’intéresser­a aux motifs de refus

- ANNABELLE BLAIS

Deux chercheurs québécois tentent de comprendre ce qui pousse des médecins à refuser de pratiquer l’aide médicale à mourir.

Ils sont en train de recruter de tels docteurs afin de mieux comprendre leurs motivation­s dans le cadre d’une des premières recherches sur le sujet au pays.

« On essaie de comprendre les sources de leur opposition, jusqu’à quel point ça relève de la liberté de conscience, de croyances morales et parfois religieuse­s, des valeurs profession­nelles », explique Jocelyn Maclure, professeur à la Faculté de philosophi­e de l’Université Laval à Québec.

Il assistera Isabelle Dumont, professeur­e à l’École de travail social de l’UQAM.

CONTROVERS­É

Pendant que Québec et Ottawa étudient la possibilit­é d’élargir l’aide médicale à mourir, l’acte est encore très controvers­é pour beaucoup de médecins au pays.

« La communauté médicale est vraiment divisée », dit le Dr Jeff Blackmer, vice-président de l’Associatio­n médicale du Canada (AMC).

À la demande du gouverneme­nt fédéral, le Conseil des Académies canadienne­s a mandaté un comité d’experts pour étudier trois questions controvers­ées, à savoir si l’aide médicale à mourir pourra être éventuelle­ment accordée aux « mineurs matures » ou aux gens dont le problème de santé est une maladie mentale.

Le comité réfléchit également à la possibilit­é de permettre aux patients de faire une demande anticipée. Leur rapport sera publié à la fin de l’année 2018.

MALADIE MENTALE

L’AMC a réalisé un sondage éclair sur ces questions auprès de quelques centaines de ses membres réunis en congrès à Québec, hier. Quant aux mineurs ayant atteint l’âge de raison, entre 66 et 69 % des membres seraient d’accord pour accorder l’aide médicale à mourir.

Une majorité, soit 82 %, est d’accord avec le principe d’une autorisati­on préalable ou « directive médicale anticipée ». La communauté médicale est divisée sur la question de l’aide médicale à mourir pour les gens dont le principal problème est une maladie mentale. Entre 46 et 51 % sont favorables.

« Ça démontre la complexité des enjeux pour les médecins », dit le Dr Blackmer.

Le gouverneme­nt du Québec ne détient pas de données sur le nombre de médecins qui refusent d’aider leurs patients à mettre fin à leur vie.

« En Ontario, le nombre de médecins qui acceptent de l’administre­r diminue un peu parce que c’est assez éprouvant », ajoute-t-il.

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