Malgré ses déboires, Trump peut encore gagner
Avec Donald Trump, une catastrophe n’attend pas l’autre. Ses perspectives électorales sont toutefois moins mauvaises qu’on pourrait croire. Même s’ils mènent dans les sondages, les démocrates devront trimer dur pour gagner les élections à venir.
Donald Trump peut-il gagner de nouveau ? À moins d’une destitution ou d’une démission, c’est bien possible.
Étant donné la faible popularité du président et les mauvaises nouvelles qui s’accumulent pour lui, cette réponse peut paraître étonnante. Pour la comprendre, revenons sur quelques raisons de sa victoire en 2016, qui demeurent pertinentes.
CULTE DE LA CÉLÉBRITÉ
La célébrité a permis à Trump de dominer les primaires, malgré un appui initial modeste, parce qu’elle lui permettait de monopoliser l’attention médiatique.
Aujourd’hui président, il monopolise encore plus l’attention et bénéficie de l’aura de sa fonction. Se faire une place dans un environnement médiatique saturé par Trump sera un défi énorme pour les démocrates.
POLARISATION ET TRIBALISME PARTISAN
Aux États-Unis, plusieurs électeurs rejettent tellement leurs adversaires qu’ils sont largement aveugles aux problèmes de leur propre parti.
C’est ce qui a amené plusieurs républicains qui avaient flirté avec l’idée de rejeter Trump en 2016 à se rallier, essentiellement en opposition à Hillary Clinton.
Puisqu’elle incarnait l’establishment démocrate, la candidate démocrate était particulièrement vulnérable à ce réflexe et son parti devra éviter de présenter un candidat qui rebutera autant les républicains anti-Trump en 2020. Pas sûr qu’ils y parviendront.
RESSENTIMENT
Ce qui a permis à Donald Trump de convertir des démocrates dans plusieurs États clés est entre autres l’exploitation du ressentiment des laissés-pour-compte blancs contre les minorités, les étrangers, les élites urbaines et autres « menaces » réelles ou imaginaires.
Malgré la désillusion de certains électeurs floués par des promesses non tenues, ceux qui carburent au ressentiment sont un riche filon pour Trump et une actualité dominée par les guerres de cultures lui permet d’en bénéficier.
L’appui à Trump n’a pas dégringolé après Charlottesville, car sa base déteste encore plus les trouble-fêtes gauchistes que les néonazis et suprémacistes blancs. Trump sait aussi que la méfiance envers les médias, qu’il exploite et alimente, est très répandue.
LE TERRAIN PENCHE POUR LES RÉPUBLICAINS
Au Sénat, les petits États à dominante républicaine sont plus nombreux que les grands États démocrates et la plupart des sièges en jeu en 2018 sont démocrates.
À la Chambre des représentants, la concentration urbaine des démocrates et la dispersion des républicains permettent à ces derniers de gagner une majorité de sièges avec une minorité de votes.
À la présidence, le collège électoral a favorisé Trump en 2016 et le favorisera probablement encore en 2020, sans parler de l’avantage habituel d’un président en poste et de nouvelles lois sur l’accès au vote qui défavoriseront les démocrates.
Aujourd’hui, les intentions de vote au Congrès et l’impopularité du président avantagent les démocrates, mais ils devront creuser l’écart s’ils souhaitent reconquérir le Congrès en 2018 et battre Trump en 2020 —, s’il se rend jusque-là, évidemment.