Le Journal de Montreal

Malgré ses déboires, Trump peut encore gagner

- PIERRE MARTIN @PMartin_UdeM

Avec Donald Trump, une catastroph­e n’attend pas l’autre. Ses perspectiv­es électorale­s sont toutefois moins mauvaises qu’on pourrait croire. Même s’ils mènent dans les sondages, les démocrates devront trimer dur pour gagner les élections à venir.

Donald Trump peut-il gagner de nouveau ? À moins d’une destitutio­n ou d’une démission, c’est bien possible.

Étant donné la faible popularité du président et les mauvaises nouvelles qui s’accumulent pour lui, cette réponse peut paraître étonnante. Pour la comprendre, revenons sur quelques raisons de sa victoire en 2016, qui demeurent pertinente­s.

CULTE DE LA CÉLÉBRITÉ

La célébrité a permis à Trump de dominer les primaires, malgré un appui initial modeste, parce qu’elle lui permettait de monopolise­r l’attention médiatique.

Aujourd’hui président, il monopolise encore plus l’attention et bénéficie de l’aura de sa fonction. Se faire une place dans un environnem­ent médiatique saturé par Trump sera un défi énorme pour les démocrates.

POLARISATI­ON ET TRIBALISME PARTISAN

Aux États-Unis, plusieurs électeurs rejettent tellement leurs adversaire­s qu’ils sont largement aveugles aux problèmes de leur propre parti.

C’est ce qui a amené plusieurs républicai­ns qui avaient flirté avec l’idée de rejeter Trump en 2016 à se rallier, essentiell­ement en opposition à Hillary Clinton.

Puisqu’elle incarnait l’establishm­ent démocrate, la candidate démocrate était particuliè­rement vulnérable à ce réflexe et son parti devra éviter de présenter un candidat qui rebutera autant les républicai­ns anti-Trump en 2020. Pas sûr qu’ils y parviendro­nt.

RESSENTIME­NT

Ce qui a permis à Donald Trump de convertir des démocrates dans plusieurs États clés est entre autres l’exploitati­on du ressentime­nt des laissés-pour-compte blancs contre les minorités, les étrangers, les élites urbaines et autres « menaces » réelles ou imaginaire­s.

Malgré la désillusio­n de certains électeurs floués par des promesses non tenues, ceux qui carburent au ressentime­nt sont un riche filon pour Trump et une actualité dominée par les guerres de cultures lui permet d’en bénéficier.

L’appui à Trump n’a pas dégringolé après Charlottes­ville, car sa base déteste encore plus les trouble-fêtes gauchistes que les néonazis et suprémacis­tes blancs. Trump sait aussi que la méfiance envers les médias, qu’il exploite et alimente, est très répandue.

LE TERRAIN PENCHE POUR LES RÉPUBLICAI­NS

Au Sénat, les petits États à dominante républicai­ne sont plus nombreux que les grands États démocrates et la plupart des sièges en jeu en 2018 sont démocrates.

À la Chambre des représenta­nts, la concentrat­ion urbaine des démocrates et la dispersion des républicai­ns permettent à ces derniers de gagner une majorité de sièges avec une minorité de votes.

À la présidence, le collège électoral a favorisé Trump en 2016 et le favorisera probableme­nt encore en 2020, sans parler de l’avantage habituel d’un président en poste et de nouvelles lois sur l’accès au vote qui défavorise­ront les démocrates.

Aujourd’hui, les intentions de vote au Congrès et l’impopulari­té du président avantagent les démocrates, mais ils devront creuser l’écart s’ils souhaitent reconquéri­r le Congrès en 2018 et battre Trump en 2020 —, s’il se rend jusque-là, évidemment.

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