Le Journal de Montreal

Barcelone

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com @mbockcote

On a peu parlé, ou du moins, trop peu parlé des attentats de Barcelone.

Quinze personnes sont mortes, plus d’une centaine sont blessées. Pourtant, une fois la nouvelle connue, nous sommes vite passés à autre chose.

Peut-être est-ce parce que nous sommes désormais habitués à la violence islamiste? Autour de dix morts, on ne veut y voir qu’un fait divers. À cinquante morts, on est prêt à s’y intéresser quelques jours.

Nous sommes blasés. Nous ne parvenons même plus à nous révolter. Certains s’en réjouissen­t : ce serait une manière de vaincre le terrorisme que de faire comme s’il n’existait pas.

C’est la stratégie de l’autruche.

TERRORISME

Et pourtant, cet attentat marque une étape supplément­aire dans la guerre de l’islamisme contre l’Occident.

Il nous rappelle d’abord une chose : tous les peuples sont visés. Même les Catalans le sont. Personne ne peut se croire à l’abri.

Et les islamistes misent aussi sur le meurtre de masse. Ils sont dans une logique d’éradicatio­n. Hommes, femmes, enfants, tous peuvent crever, s’ils sont d’Occident.

Quand une voiture fonce dans une masse humaine, elle ne fait pas de discrimina­tion : elle écrase sans nuance.

Mais il y avait quelque chose de plus dans cet attentat. Les terroriste­s avaient aussi prévu de s’en prendre à la Sagrada Familia, la cathédrale mythique de Barcelone.

On aura beau tout faire pour relativise­r les événements, il faut en convenir : dans la tête des islamistes, c’est une guerre de religion qui se mène. Il s’agit de conquérir l’Europe, de la soumettre, d’y imposer l’islam et d’éradiquer les traces du christiani­sme.

Dans leur esprit, il s’agit de nous imposer leur Dieu, de nous y soumettre. Pour eux, le terrorisme n’est qu’un moyen. D’ailleurs, bien des islamistes le condamnent, mais espèrent néanmoins établir une domination globale. C’est une question de stratégie.

Pourquoi détruire une cathédrale ? Pour humilier l’Europe, et pour faire comprendre aux Européens qu’ils ne sont plus chez eux. Pour faire comprendre qu’une civilisati­on doit disparaîtr­e et qu’une autre doit s’édifier sur les ruines d’un vieux monde épuisé.

On nous dira que les islamistes ont peu de chances de réussir leur coup. Ce qui est certain, c’est qu’ils peuvent faire d’immenses dommages à notre civilisati­on et semer la terreur partout où ils passent.

Je crains qu’un jour, ils ne parviennen­t à dynamiter la Sagrada Familia, Notre-Dame de Paris ou la cathédrale de Strasbourg. Un jour, ils détruiront un symbole sacré de notre civilisati­on.

OCCIDENT

Comment réagirons-nous ? La question, dès lors, semble simple, même si elle ne l’est pas.

Au nom de quoi pouvons-nous nous battre ? Au nom des seuls droits de l’individu ? C’est terribleme­nt insuffisan­t.

Au nom de notre prospérité ? Cela manque d’âme.

Au nom d’une religion ? Ce n’est plus possible. La foi est chose intime. Nous ne sommes plus au temps des croisades.

Au nom d’une civilisati­on, de son histoire, de son héritage, des peuples qui l’habitent ? Oui. Mais encore faut-il la comprendre. Encore faut-il vraiment réapprendr­e à l’aimer.

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