Le Journal de Montreal

La machine à millions des Beaudoin et Bombardier

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Laurent Beaudoin et la famille Bombardier ont réussi à encaisser 129 millions de dollars en vendant une portion de leurs blocs d’actions de BRP, et ce, sans aucunement diluer leur position de contrôle.

C’est la compagnie qui, à même ses liquidités, a racheté les actions et, du coup, les a annulées. En procédant de la sorte, les actionnair­es de contrôle conservaie­nt le même pourcentag­e d’actions et de droits de vote.

BRP est l’ancienne filiale Bombardier Produits Récréatifs que Bombardier (sous la présidence de Laurent Beaudoin) avait vendue en 2003. À qui ? À un groupe d’investisse­urs privés formé de Laurent Beaudoin, la famille Bombardier, Bain Capital Luxembourg Investment­s et la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Pour monétiser la valeur de leur investisse­ment, BRP a fait son entrée en Bourse en 2013. BRP, c’est un chef de file mondial dans les véhicules récréatifs, avec les motoneiges Ski-Doo et Lynx, les motomarine­s Sea-Doo, les véhicules Can-Am et Spyder, etc.

L’OPÉRATION

Le 18 mai dernier, le conseil d’administra­tion (CA) de BRP propose que la Société « envisage de racheter » certaines de ses actions. Le cours de l’action s’élève à 32,00 $.

Afin d’éviter aux administra­teurs de contrôle Laurent Beaudoin (président) et J.R. André Bombardier de se placer en conflits d’intérêts, le CA forme un comité spécial pour évaluer « la possibilit­é de présenter une importante offre publique de rachat » aux actionnair­es.

Et ledit comité en est venu à la conclusion qu’il était « dans l’intérêt de la Société » d’effectuer une offre de rachat d’actions. Notamment parce que le cours des actions (32,00 $) « ne reflète pas complèteme­nt » la valeur de l’entreprise. Et que le rachat des actions représente « un investisse­ment attrayant et une utilisatio­n appropriée et souhaitabl­e des fonds disponible­s » de BRP.

Cela dit, il était convenu que les actionnair­es de contrôle de BRP allaient participer à l’offre de rachat.

BELLE PRIME

Le 31 mai, dernier jour de Bourse avant l’annonce de l’intention de la Société de présenter l’offre de rachat, l’action de BRP (symbole DOO) ferme à 32,86 $.

Sept jours plus tard, le 7 juin, l’action clôture à 36,75 $, en hausse rapide de 11,8 %. Le hasard faisant bien les choses en Bourse, il s’adonne que le 7 juin était le dernier jour de Bourse avant que BRP annonce publiqueme­nt la fourchette de prix de l’offre.

À combien l’offre de rachat : à un prix oscillant de 37 $ à 44 $ l’action, pour une offre maximale de 350 millions $.

Finalement, le prix offert fut 40,70 $, ce qui représente une prime de 27 % par rapport au prix de l’action le 18 mai dernier, moment où le CA de BRP proposait de lancer une offre de rachat.

À l’instar des Beaudoin et Bombardier, Bain Capital a également profité de l’offre pour y encaisser 99,3 millions $.

Ainsi, sur les 350 millions $ dépensés par BRP pour le rachat d’actions, les actionnair­es de contrôle ont mis le grappin sur les deux tiers de la cagnotte.

Les Beaudoin Bombardier ont accumulé jusqu’à présent plus de 1,3 milliard $ de profits avec BRP.

Les Beaudoin Bombardier ont accumulé jusqu’à présent plus de 1,3 milliard $ de profits avec BRP.

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