Le Journal de Montreal

La planche à voile aujourd’hui

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La semaine prochaine, les écoliers chemineron­t jusqu’à leur casier avant de prendre place en classe. Ça y est, l’été est fini, semble-t-il. Or, c’est la période idéale pour profiter des plaisirs de la planche à voile.

« C’est la saison des vents. Je ne peux pas vous aider », me répond celui qui se surnomme Yvente sur le forum Quebecwind et aussi celui que la petite communauté de planche à voile au Québec me décrit comme le plus grand passionné du sport en province. Tout son temps libre s’y dévoue.

« Il fait de la planche à voile 12 mois par année. L’hiver, il cherche des trous dans la glace pour aller sur l’eau », me dit Yan Duval de l’Associatio­n de planche à voile de Montréal (APVM). La légende travaille de nuit et « plane » de jour. Entre les deux, il guette les vents pour cerner les meilleurs moments et endroits pour monter sa voile. Peut-être dort-il aussi.

D’HIER À AUJOURD’HUI

Dans les années 1980, tout chalet qui se respectait était doté d’une planche à voile. Un ami de passage l’empruntait, et on allait le chercher dans le fond du lac en ponton, ce dernier se retrouvant incapable de remonter les vents jusqu’au chalet. On en riait le soir venu, et lui se vantait de ne pas être tombé, au moins.

« Tout a changé aujourd’hui », résume Jean Gaudet, véliplanch­iste depuis 37 ans. Aucune nostalgie derrière cette remarque.

« On s’initie sur des planches de plus d’un mètre de large, très stable, et on a des mats d’à peine une livre et demie à tirer hors de l’eau plutôt que les mastodonte­s de 20 lb d’autrefois », décrit le passionné. Bref, si vous avez le même douloureux souvenir que moi de passer deux heures à tomber d’une planche en tentant de remonter une voile de trois tonnes en vain, il est temps de mettre votre perception du sport à jour.

Les nouvelles technologi­es facilitent l’initiation, mais multiplien­t de plus les plaisirs de la planche. On peut très bien continuer à faire son petit bout de chemin tranquille en lac les deux pieds sur une large planche, mais il est aujourd’hui aussi possible en funboard de « planer » et de filer avec le vent, à travers les vagues, secoué par des sensations fortes qui n’ont rien d’ennuyant.

« On peut faire le parallèle avec le ski, donne en exemple Jean Gaudet. Sur un petit lac, la planche à voile s’apparente au ski de fond de randonnée. Sur le fleuve ou sur une grosse étendue d’eau en plein vent, là on dévale une pente abrupte en pleine poudreuse. »

LA PLANCHE À VOILE ICI

Le Québec compte plus de trois millions de plans d’eau. Tous ne sont pas égaux aux yeux des véliplanch­istes. Une « bonne étendue d’eau » a des vents favorables et une superficie permettant à Éole de s’en donner à coeur joie.

« À Montréal, on n’a pas l’océan comme terrain de jeu, mais le fleuve est à notre porte. Le lac des Deux Montagnes et le lac Saint-Louis, pour la direction et la force des vents, ainsi que la qualité de leurs eaux, sont des plans d’eau populaires auprès des planchiste­s. Pas trop loin, on a aussi le Lac Champlain, où les vents du sud peuvent s’établir sur des dizaines de kilomètres », dit le passionné de planche à voile.

DES CHASSEURS DE VENT

Cerner les meilleurs endroits est une chose, encore faut-il y aller au moment opportun.

« C’est ce qui complique le sport », avoue Jean Gaudet.

« S’il va venter demain à 14 h sur le lac Champlain, il faut être là à 14 h sur le lac Champlain! Et les passionnés vont tout faire pour y être », dit celui qui revient d’un trois heures de planche… au lac Champlain.

De nouveaux outils spécifique­s aident maintenant la prédiction de ces microclima­ts. Le hic demeure toutefois d’être disponible au bon moment. « J’en ai passé, des week-ends à attendre qu’il vente », résume le planchiste.

Dès la troisième semaine d’août, les vents s’affirment, lançant la « bonne saison » pour la planche à voile. Celle-ci s’étire facilement jusqu’en octobre. Le port d’une combinaiso­n thermique permet d’en faire à longueur d’année, comme Yvente.

« Mais ça, c’est un peu fou. J’arrête fin octobre et recommence en mai, dit celui qui monte sur sa planche depuis les années 80. Quand mes pieds commencent à geler, c’est fini pour moi. »

 ?? PHOTO GRACIEUSET­É DE L’ASSOCIATIO­N DE PLANCHE À VOILE DE MONTRÉAL (APVM) ?? Lorsque des vents stables atteignent 30 km/h, il est possible de commencer à « planer » en planche à voile. Ici, des pointes de plus de 100 km/h sur le fleuve ont attiré les véliplanch­istes amateurs de sensations fortes.
PHOTO GRACIEUSET­É DE L’ASSOCIATIO­N DE PLANCHE À VOILE DE MONTRÉAL (APVM) Lorsque des vents stables atteignent 30 km/h, il est possible de commencer à « planer » en planche à voile. Ici, des pointes de plus de 100 km/h sur le fleuve ont attiré les véliplanch­istes amateurs de sensations fortes.

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