Jeu de chaises musicales à Ottawa
Justin Trudeau affecte deux ministres uniquement pour régler les difficiles questions autochtones
OTTAWA | Le choix de Justin Trudeau, de mandater deux ministres pour régler pour de bon les enjeux autochtones, lors du remaniement d’hier, est accueilli avec prudence chez les Autochtones.
« C’est une décision qui sera sûrement accueillie positivement, mais avec prudence », tranche Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador.
Il a appris « avec surprise », hier, que le premier ministre Justin Trudeau avait divisé la tâche de la ministre des Affaires autochtones et du Nord en deux, dans le deuxième remaniement ministériel d’importance depuis son arrivée au pouvoir (voir autre article).
DEUX POUR UN
Carolyn Bennett (Affaires autochtones et du Nord) se chargera désormais des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, et devra négocier avec les Autochtones sur le plan politique.
Tous les services que dispense le ministère des Affaires autochtones seront dirigés par Jane Philpott, qui a déjà livré avec succès d’importants dossiers du gouvernement Trudeau alors qu’elle était ministre de la Santé. Elle hérite d’un nouveau portefeuille, appelé Services aux Autochtones.
Elle aura, par exemple, le mandat de régler dans les cinq prochaines années le problème récurrent d’accès à l’eau potable pour les communautés autochtones éloignées.
Il semble que les groupes autochtones n’aient pas été consultés avant ce changement, qui était toutefois une recommandation de la Commission royale sur les peuples autochtones de 1996.
LA FIN DE LA LOI SUR LES INDIENS
Le gouvernement Trudeau précise qu’affecter deux ministres au dossier autochtone constitue la première étape pour remplir sa promesse de se débarrasser de l’obsolète Loi sur les Indiens, qui date de 1876 et qui est décrite comme « coloniale et paternaliste ».
« Ça fait longtemps qu’on essaie de s’en débarrasser, mais tous les ministres qui s’y sont collés jusque-là ont fini par sauter », prévient Marie-Pierre Bousquet, directrice du programme d’études autochtones à l’Université de Montréal.
Selon elle, le principal défi sera de consulter tous les groupes autochtones, qui ont des avis divergents sur les changements à apporter.
« Je suis partagée entre cynisme et optimisme. Est-ce qu’il va se passer autre chose que beaucoup de discussions ? »
La militante crie Maïtée Labrecque-Saganash est également sceptique. Elle croit que le gouvernement devrait d’abord adhérer à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones pour prouver le sérieux de sa démarche.
« Tant [que ce n’est pas fait], c’est un show de boucane. La transition pour sortir de la Loi sur les Indiens ne sera pas assurée et ça va rendre nos communautés encore plus précaires. »