Le Journal de Montreal

Huit millions de bougonneux

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

J’aime bien Gaétan Barrette.

Dans un monde de plus en plus frileux, j’aime sa franchise, son honnêteté.

Il n’a pas peur d’écraser quelques orteils, de froisser certains ego, de se mettre des syndicats et des corporatio­ns à dos et d’appeler un chat un chat.

Ses propos risquent de choquer certaines personnes ? Bof, il n’en a rien à cirer.

On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs.

Après tout, la politique n’est pas un concours de popularité… La job d’un ministre n’est pas de se faire aimer ou de collection­ner les likes sur sa page Facebook, mais de faire le boulot pour lequel il a été élu.

S’il faut jouer du coude, eh bien, soit. On jouera du coude.

Et tant pis pour les âmes sensibles et délicates…

LA TENTATION DE L’ARROGANCE

Mais parfois, trop, c’est comme pas assez.

La frontière qui sépare la confiance en soi et l’arrogance est mince, et le ministre pitbull vient de la franchir avec son bulldozer.

Selon lui, François Legault est un « bougonneux » parce qu’il ose critiquer le système de santé.

Le chef de la CAQ cherche des poux, il fait preuve de mauvaise foi...

Si c’est vrai, eh bien, on doit être huit millions de bougonneux au Québec !

Parce qu’il n’y a pas une journée sans que j’entende des proches ou des amis raconter des histoires pas très gaies sur notre « excellent » système de santé.

C’est une chose de dire : « Arrêtez de voir tout en noir, ça ne va pas si mal, on a fait des progrès… »

C’en est une autre de dire : « Tout va pour le mieux, vous êtes tous dans le champ, il n’y a que moi qui ai le bon pas… »

Les Québécois ne sont pas fous. On voit bien que le système ne va pas bien, malgré les gonzilliar­ds de dollars qu’on a investis au fil des ans et des gouverneme­nts !

Au lieu de balayer du revers de la main les critiques de monsieur Legault, le ministre Barrette devrait au contraire les démonter une à une.

NITRO ET GLYCÉRINE

Je comprends qu’aucun leader n’aime avouer ses torts, surtout pas à un an d’une élection générale, mais cette arrogance et ce refus d’entendre les critiques de la population risquent de coûter cher au gouverneme­nt.

Prenez les accusation­s de racisme et d’intoléranc­e que Philippe Couillard lance à tort et à travers depuis quelque temps.

Le Québécois moyen voit ce qui se passe depuis quelques mois et se dit : « On transforme le stade olympique en refuge, on accueille les migrants à bras ouverts, on leur donne des chèques d’assurance sociale, on les aide à se trouver un logement, on leur donne des soins de santé… Et on est racistes ? « Woah, là, ça va faire ! » Si Philippe Couillard continue de tenir ce discours, sa fameuse commission sur le racisme systémique risque de lui exploser en pleine face.

Si j’étais le premier ministre, je serais prudent. Ce n’est jamais payant de manipuler des substances aussi volatiles…

La bombe « anti-intoléranc­e » qu’il s’apprête à lancer à la CAQ et au PQ risque de lui faire plus de mal que de bien.

La frontière qui sépare la confiance en soi et l’arrogance est mince...

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