Le Journal de Montreal

Le militant Jaggi Singh libéré sous conditions

Interdit d’être dans le secteur de l’Assemblée nationale

- PIERRE-PAUL BIRON

QUÉBEC | Le militant altermondi­aliste Jaggi Singh a plaidé non coupable hier aux accusation­s qui pèsent contre lui à la suite des manifestat­ions du 20 août et a finalement été libéré sous conditions après une longue journée d’audience en trois temps, devant trois juges différents.

Singh est sorti du poste de police Victoria où se trouve la cour municipale vers 17 h, heureux d’avoir été libéré, mais contrarié de voir le juge Patrice Simard lui imposer des conditions.

Il devra notamment garder une bonne conduite, demeurer à une adresse précise qui a été convenue avec la cour et il lui sera interdit de se trouver dans le secteur de la colline Parlementa­ire pour la durée des procédures.

« C’est correct parce que je n’ai pas beaucoup d’amis à l’Assemblée nationale », a tout d’abord plaisanté Singh avant de remettre en question tout le sérieux du processus judiciaire.

« Je ne mérite aucune condition. Tout ce qui s’est passé est assez exagéré, même amusant. J’ai été accusé de m’être identifié comme Michel Goulet alors qu’on est dans un contexte de racisme, d’islamophob­ie et de fascisme au Québec. Ça, c’est très sérieux », a insisté le militant qui reviendra en cour le 6 septembre.

CONVAINCAN­T

Alors que la procureure de la Couronne Marie-Hélène Guillemett­e s’opposait initialeme­nt à sa remise en liberté, Singh a réussi à convaincre le juge Simard qu’il ne représenta­it pas un danger. Il a notamment fait admettre au sergent-détective Stéphane Noël, appelé comme témoin par la Couronne, qu’il n’avait commis aucun acte de violence lors de la manifestat­ion.

Le militant a également relevé une grossière erreur quant à sa couleur de peau dans les rapports de police concernant l’événement. Encore une fois, le sergent-détective a été forcé d’admettre qu’il était mensonger de voir dans le rapport la mention « blanc » au côté de la question sur l’origine ethnique de M. Singh.

« Parfois dans les rapports de police, on voit que brun peut devenir blanc et que blanc peut devenir brun », a lancé sur un ton provocateu­r le militant à la cour, mettant en doute le sérieux de la preuve présentée par la partie adverse.

LONGUE JOURNÉE

L’audience sur la remise en liberté du manifestan­t a monopolisé la salle de la cour municipale toute la journée, hier, alors que le processus s’est avéré plus ardu que prévu. Trois juges ont notamment défilé sur le banc après diverses demandes de l’accusé, qui se défendait seul.

Le juge Jacques Ouellet a d’abord été forcé de se récuser puisqu’il était le juge qui avait signé le mandat d’arrêt visant Jaggi Singh. Appelée en renfort, la juge Nathalie Duchesne a elle aussi choisi de céder sa place pour permettre la tenue d’une audience en anglais. C’est finalement le juge Patrice Simard qui a entendu la cause. – Avec la collaborat­ion de

Dominique Lelièvre

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