Le Journal de Montreal

La tempête de Trump

- PIERRE MARTIN @PMartin_UdeM

Quand une catastroph­e de l’ampleur de l’ouragan Harvey frappe aux États-Unis, tous les yeux se tournent vers le président et les organismes qui intervienn­ent sous sa responsabi­lité.

La réponse immédiate du gouverneme­nt fédéral a été adéquate, mais les défis à long terme seront immenses. Quant au président Trump, sa réponse initiale à Harvey a suscité la controvers­e et ses actions seront surveillée­s de près.

LA MACHINE FONCTIONNE

En ce qui a trait à l’administra­tion des mesures d’urgence, on a appris des déboires vécus en 2005 à la suite de l’ouragan Katrina.

Même si certains postes clés sont encore vacants dans l’agence fédérale chargée de ces mesures, la chaîne de commandeme­nt semble fonctionne­r en réponse à Harvey.

Une partie du mérite revient au nouveau chef de cabinet du président Trump, John Kelly, qui a amené un peu de discipline dans une Maison-Blanche profondéme­nt désorganis­ée. On verra si ça pourra durer.

DES DÉFIS ÉNORMES

L’ampleur des dégâts matériels causés par Harvey risque de dépasser tous les précédents aux États-Unis. La reconstruc­tion nécessiter­a donc des sommes astronomiq­ues et il faudra surmonter de profondes divisions partisanes pour les débloquer.

La répartitio­n de ces sommes posera problème, car les grands sinistrés des inondation­s sont pour la plupart des familles à revenu modeste, qui ne pèsent pas lourd politiquem­ent.

De plus, la prévention de futures catastroph­es du genre exigera de nouvelles réglementa­tions, alors que l’administra­tion Trump a entrepris de démanteler l’appareil réglementa­ire fédéral.

LA RÉACTION CONTROVERS­ÉE DU PRÉSIDENT

Tout ce que fait Donald Trump suscite la controvers­e et sa réaction à Harvey n’a pas fait exception. Avant même que l’ouragan ne touche à terre, le président célébrait presque le fait que « sa » tempête allait être plus grosse et plus dévastatri­ce que celles de ses prédécesse­urs.

Lors de sa visite au Texas, Trump se comportait par moment comme s’il s’agissait d’une assemblée partisane, se félicitant de la taille des foules venues l’acclamer. Dans ce genre de circonstan­ces, on s’attend à ce qu’un président exprime de l’empathie pour les victimes au nom de leurs concitoyen­s. En 2005, les difficulté­s éprouvées par George W. Bush sur ce plan avaient sérieuseme­nt miné la confiance du public envers lui.

Pourtant, lors de sa première visite au Texas, Donald Trump n’a rencontré aucune victime des inondation­s et il a fallu une longue attente avant qu’on en vienne à lui tirer une expression de compassion pour les sinistrés.

UNE OPPORTUNIT­É ET UN RISQUE

Les réactions à la première visite du président au Texas ont largement souligné ce « déficit d’empathie ». Dans les prochains jours et les prochaines semaines, Donald Trump n’aura pas le choix de démontrer qu’il est à l’écoute de ceux qui ont tout perdu.

S’il parvient à surmonter ce déficit d’empathie, il aura peut-être des chances de remonter la pente dans l’opinion, alors que son taux d’approbatio­n avoisine les 35 %.

S’il n’y parvient pas, son leadership déjà affaibli risquerait fort de ne pas s’en remettre.

Tout ce que fait Donald Trump suscite la controvers­e et sa réaction à Harvey n’a pas fait exception.

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