« Gardienne » de l’image de Tintin
QUÉBEC | Si Tintin a encore les deux mêmes couleurs de pulls partout où on le voit – bleu et jaune – et que le coup de crayon d’Hergé est resté intact, c’est grâce à la Québécoise Louise Cliche, chef de studio de Moulinsart depuis 20 ans.
Louise Cliche était de passage à Québec hier, question de visiter l’exposition Hergé à Québec, sur laquelle elle a travaillé au tout début. Inaugurée le 20 juin dernier, l’exposition a déjà attiré le chiffre faramineux de 252 000 visiteurs.
Louise Cliche est responsable de la préservation de l’image de Tintin et de ses personnages partout à travers le monde. Attablée au Musée de la civilisation, celle qui connaît par coeur les dessins donne des exemples sur ce qu’elle peut faire ou non avec l’image du légendaire reporter.
« On n’a pas le droit de retourner une image. Si Tintin court dans un sens, il va toujours courir dans ce sens-là. On ne peut pas lui faire dire autre chose que ce qu’il y a dans sa bulle. On n’aurait pas pu lui faire dire “J’aime beaucoup Québec” pour l’exposition, par exemple. On peut toutefois enlever les bulles. […] On a énormément de limites, puisqu’on doit respecter cette oeuvre-là. »
« Il y a des gens qui nous proposent de mettre des fonds léopards dans les bulles. On a des propositions terribles », dit-elle en riant.
PRODUITS DÉRIVÉS
Louise Cliche est responsable d’approuver tous les produits dérivés également, et tout usage qu’on voudrait faire d’une vignette de Tintin.
Les grands panneaux des personnages de Tintin qui ornent les murs extérieurs du Musée de la civilisation ont été faits à son studio, tout comme les cartons d’invitation et le catalogue produits pour l’exposition. Elle a aussi écrit tous les textes de l’exposition. Tout passe entre ses mains.
UN PARCOURS ATYPIQUE
Diplômée en graphisme et en illustration de Concordia, la Montréalaise est installée à Bruxelles depuis plus de 20 ans déjà, et travaille dans un immeuble bien discret. Elle avoue s’y être retrouvée « par hasard », en 1996. « À Moulinsart, j’ai commencé en faisant des coloriages, explique-telle. À l’époque, Hergé travaillait avec des films et il avait des coloristes. » Louise Cliche a donc inventé une charte des couleurs, pour l’ordinateur, propres à Tintin et aux principaux personnages. « Ce sont toujours des couleurs assez primaires. Vous ne verrez jamais de rose, de mauve, par exemple », explique celle qui a lu son premier Tintin à six ans.