La fin d’un long supplice
Marianne St-Gelais et Valérie Maltais ont douté de leur présence aux Jeux olympiques
La preuve vient d’être donnée : leurs médailles olympiques et leur vaste expérience internationale n’ont pas rendu Marianne St-Gelais et Valérie Maltais vaniteuses. Jusqu’à la dernière seconde, elles ont douté être choisies par leurs patrons pour participer à leurs troisièmes Jeux olympiques !
Leur confirmation dans l’équipe canadienne de patinage de vitesse de courte piste aux Jeux de Pyeongchang est finalement venue vendredi dernier, cinq jours après la fin des sélections olympiques. Le Comité haute performance de Patinage de vitesse Canada a jugé valable la demande d’exemption déposée par St-Gelais, qui a renoncé aux sélections en raison d’une commotion cérébrale, puis que Maltais, qui l’a imitée au milieu de la compétition pour les mêmes raisons, méritait de devenir le choix discrétionnaire complétant l’alignement des cinq patineuses qu’on verra sur la glace olympique en février prochain.
« Je commençais à être irritable. Je sursautais chaque fois que mon téléphone sonnait et je surveillais toujours mes courriels. Quand Fred (l’entraîneur Frédéric Blackburn) m’a appelée, j’étais à Salt Lake City avec mon copain où je m’entraînais en longue piste. Quand j’ai reçu la confirmation, j’ai couru un aller-retour dans l’anneau pour l’annoncer à Jordan », raconte Valérie Maltais, encore fébrile de cette anecdote vécue avec son amoureux Jordan Belchos, membre de l’équipe nationale de longue piste.
ST-GELAIS : DE « L’APPRÉHENSION »
Médaillée d’argent au 500 m aux Jeux de Vancouver, puis double médaillée d’argent au relais en 2010 et 2014, St-Gelais a vécu le même supplice que sa coéquipière durant cette longue semaine du mois d’août. Comment une vice-championne du monde peut-elle vivre de l’angoisse ?
« Oui, je suis la meilleure Canadienne depuis trois ans, mais j’avais un peu d’appréhension parce que ce n’est pas moi qui prenais la décision. Je me demandais si les gens (du comité) allaient penser correctement », avoue l’athlète originaire de Saint-Félicien.
« C’est dans ma nature de douter et c’est ce qui me permet de mieux performer. J’ai essayé de convaincre mes parents (qu’elle allait être choisie) en leur “pitchant” mon curriculum vitae, mais j’avoue que c’était plus difficile pour moi de me convaincre », dit-elle.
RIEN POUR ACQUIS
Depuis le 20 août, on savait que Kim Boutin, Jamie MacDonald et Kasandra Bradette pouvaient magasiner leurs billets d’avion pour Pyeongchang en vertu de leur classement au terme des cinq jours de courses de ces sélections. Le statut de St-Gelais et Maltais restait cependant à être défini, même si on anticipait cet exercice comme une simple formalité. Pourtant, il faut l’une d’elles pour nous rappeler la prudence de sauter trop vite aux conclusions.
« Justement en raison de mon expérience, j’ai appris à ne rien tenir pour acquis dans ma vie. On ne connaît pas toujours la vision du comité qui décide. Il s’agit de mes troisièmes Jeux, mais est-ce qu’on aurait pu favoriser les plus jeunes ? Je ne savais pas. Ce n’était pas acquis tant que je ne le savais pas officiellement », nous répète Maltais, médaillée d’argent au relais à Sotchi en 2014. Merci pour la leçon !
« C’EST DANS MA NATURE DE DOUTER ET C’EST CE QUI ME PERMET DE MIEUX PERFORMER » – Marianne St-Gelais