Tous à genoux, même le proprio
QUÉBEC | D’un côté, le président américain Donald Trump qui réclame le respect du drapeau et du patriotisme américain. De l’autre, des joueurs protestataires qui tiennent à continuer de s’exprimer sur les tensions raciales aux ÉtatsUnis lors de l’hymne national. Au point où même les Cowboys de Dallas, étiquetés comme « l’équipe de l’Amérique », ont démontré leur unité en posant un genou au sol avant le match de la NFL d’hier soir.
Tous les joueurs de la formation, accompagnés du richissime propriétaire Jerry Jones, ont joint leurs bras pour ensuite poser le genou au sol avant le Star-Spangled Banner. Les joueurs des Cowboys se sont ensuite levés à l’unisson, maintenant leurs bras liés, durant l’hymne américain.
De leur côté, leurs adversaires dans le cadre du match du lundi soir, les Cardinals de l’Arizona, ont aussi fait une chaîne avec leurs bras. Comme quoi la tempête ne semble pas près de s’estomper.
Un discours enflammé du président en Alabama, vendredi, a rallumé des braises encore bien vives, lorsqu’il a invité les propriétaires des 32 clubs de la NFL à virer sur-le-champ les « fils de putes » qui continuent d’exprimer leur dégoût.
Des quelque dizaines de joueurs qu’ils étaient à mettre un genou au sol, lever le poing en l’air ou à rester assis durant l’hymne national il ya à peine une semaine, ils sont passés à plus de 250 à se prononcer, depuis dimanche, à travers la Ligue.
Le commissaire, de nombreux propriétaires, et même quelques entraîneurs ont rabroué Donald Trump dans une confrontation qui a occulté toute l’attention lors d’un dimanche pourtant fertile en rebondissements sur le terrain.
Avant les commentaires de Trump, Jerry Jones avait pourtant indiqué que « ce n’est pas le moment pour s’exprimer sur la société au moment où l’on rend hommage au drapeau américain ».
DUVERNAY-TARDIF PRUDENT
Membre des Chiefs de Kansas City, le garde québécois Laurent DuvernayTardif se retrouve malgré lui au coeur de cette invasion politique dans le sport.
« J’essaie de rester le plus objectif et distant possible, au sens où si je devais prendre position dans tout ça en mettant mon genou au sol, ce ne serait pas le même message en tant que Canadien. Je ne veux pas m’aventurer sur ce terrain-là », a indiqué l’ancien de l’Université McGill, lorsque joint en soirée par Le Journal de Québec.
Marchant sur des oeufs, Duvernay-Tardif estime néanmoins que ses coéquipiers des Chiefs et rivaux des autres formations ont démontré du cran en s’exprimant dans la tourmente.
« La seule chose que je peux dire, c’est que personnellement, je trouve que c’est un geste courageux de la part des joueurs. Je respecte les deux façons de penser et je trouve ça correct d’utiliser un sport médiatisé comme la NFL pour mettre à l’avantplan des débats ancrés aux États-Unis depuis plusieurs années, pour promouvoir ce en quoi on croit », a-t-il fait valoir.
HARMONIE À KANSAS CITY
Dimanche, chez les Chiefs, le receveur Chris Conley a sonné la charge en mettant un genou au sol durant l’hymne national. L’ailier rapproché Travis Kelce l’a imité, tout en gardant la main droite sur le coeur. De son côté, le demi de coin Marcus Peters est demeuré assis, le poing brandi.
Selon le quotidien USA Today, l’équipe
aurait tenu une réunion d’avant-match pour discuter du débat et faire front commun autant que possible.
« C’est demeuré relativement calme au sein des Chiefs. À la base, nous sommes tous unis derrière le football. On respecte nos différences et c’est le seul mot d’ordre. Je dirais que jusqu’ici, tout se passe sous le signe de l’harmonie dans notre vestiaire », a assuré Duvernay-Tardif.
Il semble que les mots virulents de Donald Trump à l’égard des joueurs et propriétaires aient relancé les tensions de plus belle.
« Le débat au sujet des tensions raciales aux États-Unis est présent depuis un bon moment. (Colin) Kaepernick a commencé l’an dernier et sa manière de manifester a été suivie par plusieurs joueurs. Mais le discours d’en fin de semaine a juste rajouté de l’huile sur le feu », a estimé Duvernay-Tardif.
Les Cowboys de Dallas s’invitent dans le mouvement de protestation durant l’hymne national américain « PERSONNELLEMENT, JE TROUVE QUE C’EST UN GESTE COURAGEUX DE LA PART DES JOUEURS. » – Laurent Duvernay-Tardif