135 000 $ pour la victime mordue par des pitbulls
Six ans plus tard, elle n’ose pas montrer ses jambes couvertes de cicatrices
La justice a condamné un père et son fils dont les pitbulls avaient sauvagement attaqué une enfant de 12 ans à verser un total de 223 000 $ à la victime et à ses parents.
Dans son jugement rendu le 14 septembre, la Cour supérieure indique que Guy et Sébatien Morneau ainsi que leur assurance devront verser 135 000 $ à la victime de l’attaque, aujourd’hui âgée de 18 ans, Mégan Dubé, mais aussi un peu plus de 42 000 $ à son père et 45 000 $ à sa mère.
Dans le cas de la victime, ce sont les séquelles physiques et psychologiques de l’attaque qui ont motivé la décision de la cour. En ce qui concerne les parents, c’est le préjudice moral et les journées de travail perdues pour veiller sur leur fille pendant son long rétablissement qui justifient cette indemnisation. « C’est une somme importante et je me réjouis de cette décision, commentait hier l’avocat de la famille, Jonathan Gottlieb. Ceci dit elle ne mettra pas un terme aux souffrances de mes clients. »
MORSURES
Le 12 mai 2011, après sa journée d’école Mégan Dubé, 12 ans, traverse la pelouse de ses voisins à La Sarre en Abitibi pour rentrer chez elle.
C’est alors que deux pitbulls appartenant à la famille Morneau se jettent sur elle. La petite n’a pas le temps de s’échapper qu’une bête plante ses crocs dans son genou gauche alors que la seconde lui mord le mollet droit de toutes ses forces. Une des deux bêtes la mord ensuite à l’épaule et à la poitrine.
Pendant ce temps, les pitbulls des Morneau (un troisième a rejoint les deux autres) s’en prennent aussi aux voisins venus à la rescousse de la petite.
SÉQUELLES
Ce terrible épisode a laissé chez la jeune Mégan de nombreuses traces, peut-on lire dans la poursuite.
Il y a d’abord ces imposantes cicatrices sur ses deux jambes, mais aussi au bras et à la poitrine. Elles affectent sa féminité et lui donnent une mauvaise image d’ellemême, est-il écrit. Encore aujourd’hui, la jeune fille refuse de montrer ses jambes.
Et puis, il y a les traces que Mégan porte en elle-même. Encore suivie par un psychologue, Mégan présentait après l’attaque tous les signes d’un stress post-trau- matique. Anxiété, difficultés de sommeil, flash-back de l’attaque et hypertension musculaire n’étaient que quelques-uns des symptômes dont elle souffrait.
En plus des journées de travail qu’il a manquées pour soutenir sa fille dans les nombreux traitements qu’elle a reçus, son père Johnny Dubé souffre d’un grand sentiment de culpabilité et s’en veut beaucoup de n’avoir pas été là pour la protéger.
Nancy Godbout, la mère de Mégan, n’a pour sa part pas pu travailler de l’été 2011 puisqu’elle veillait continuellement sur sa fille après l’attaque. Elle aussi a souffert psychologiquement.
Ce sont l’ensemble de ces séquelles qui expliquent la décision de la cour.
« Je suis heureux que justice soit faite, c’est bien correct », commentait hier Lucien Flamand, l’un des voisins qui avait porté secours à Mégan et s’était lui aussi fait mordre.