Le Journal de Montreal

Les Kurdes d’Irak votent en faveur de leur indépendan­ce

L’ONU « préoccupée » par le risque de déstabilis­ation dans la région

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ERBIL | (AFP) Les Kurdes d’Irak ont voté massivemen­t hier en faveur de leur indépendan­ce, mais ce rêve qu’ils chérissent depuis un siècle risque de provoquer une escalade en raison du refus total du pouvoir central de voir le pays amputé de sa région nord.

Le Parlement de Bagdad, en présence des députés arabes et en l’absence de leurs camarades kurdes, a appelé le même jour au déploiemen­t de l’armée dans les zones que se disputent le pouvoir central et la région autonome du Kurdistan.

La Turquie et l’Irak ainsi que la Syrie, trois pays qui ont des minorités kurdes, ont vivement dénoncé le référendum, car ils craignent que cela ne fasse tache d’huile et que la carte de la région ne soit redessinée.

À New York, le chef de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « préoccupé » par le risque de déstabilis­ation, appelant au « dialogue et à des compromis ».

Plus de 3,3 millions de personnes ont participé au vote, soit 72,16 % des inscrits a indiqué un porte-parole de la commission électorale, et le résultat du scrutin, attendu ce soir, ne fait aucun doute, la majorité des Kurdes étant acquis au « oui ». Le président du Kurdistan, Massoud Barzani, a cependant affirmé que le référendum ne serait pas aussitôt suivi d’une déclaratio­n d’indépendan­ce, mais marquerait le début de « discussion­s sérieuses » avec Bagdad pour régler les contentieu­x.

FOULE NOMBREUSE

Les 12 072 bureaux ont fermé à 16 h GMT après la prolongati­on d’une heure de la consultati­on face à l’afflux de votants, selon les autorités kurdes. Aucun chiffre officiel sur la participat­ion n’était néanmoins disponible en soirée.

Dès le matin, des foules nombreuses s’étaient massées à l’entrée des bureaux de vote à Erbil, Souleimani­yeh et Dohouk, les trois provinces qui forment la région du Kurdistan, mais aussi dans des zones disputées avec Bagdad.

Au total quelque 5,3 millions d’inscrits devaient se prononcer.

À Erbil, devant le plus important bureau de vote, une vache a été égorgée. « J’ai apporté cette vache, car aujourd’hui c’est la naissance de l’État, c’est la tradition d’égorger une vache lors des naissances », a dit Dalgach Abdallah, un avocat 27 ans.

Massoud Barzani, souriant et en habit traditionn­el, a voté tôt le matin.

Dans la province disputée de Kirkouk, située hors du Kurdistan, l’affluence était aussi nombreuse dans les quartiers kurdes, où les électeurs votaient en arborant des drapeaux, au son de la musique et des tirs de joie.

COUVRE-FEU

Un couvre-feu a été décrété dans le centre de Kirkouk ainsi que dans les secteurs arabe et turkmène « jusqu’à nouvel ordre », selon la police. Mais à Kirkouk, un haut responsabl­e a affirmé que ce couvrefeu serait levé dans les prochaines heures. « Il a été imposé pour éviter des frictions, mais demain ce sera un jour de travail normal. »

En soirée, des forces de police ont pris position dans les rues de ces quartiers, tandis que la fête battait son plein dans les quartiers kurdes avec musique, danse, feux d’artifice et tirs d’armes automatiqu­es, selon des correspond­ants sur place.

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