Angela Merkel, la coriace
La femme politique la plus puissante du monde vient d’être réélue en Allemagne. Mais l’arrivée au Bundestag de l’extrême droite avec 10 % des voix pour la première fois depuis le régime nazi annonce des années douloureuses pour la chancelière.
Une biographie remarquable d’Angela Merkel publiée chez Édito et signée par Marion Van Renterghem nous révèle une femme qui a réussi à s’imposer dans le monde fermé des dirigeants masculins. « Je ne suis pas vaniteuse, je sais utiliser la vanité des hommes », déclare-t-elle pour expliquer sa manière modeste, appliquée, mais formidablement efficace de gouverner.
Angela Merkel est le seul dirigeant occidental à avoir grandi sous un régime communiste. Cette fille de pasteur luthérien a vécu en Allemagne de l’Est jusqu’à l’effondrement du Mur de Berlin. Elle y menait une vie anonyme de scientifique, mais rêvait de liberté.
CULTURE PROTESTANTE
Sa vision de l’Allemagne s’explique par sa culture protestante dans cet univers communiste étouffant de l’Allemagne de l’Est dominée par les Soviétiques. La biographie décrit ses rencontres avec Poutine, qui la déteste, car elle seule, du fait de son passé, saisit son personnage d’ancien patron du KGB, instrument de terreur de l’URSS.
L’élection de dimanche oblige la chancelière à des compromis pour gouverner son pays. Des compromis avec des partis qui se sont toujours opposés à sa vision de l’Europe et de l’Allemagne.
Cette femme de contenu se tient loin des médias, incarne l’anti-selfie, se fiche de son apparence, fait ses courses seule et refuse, au grand dam des services de sécurité, de se laisser encadrer. Elle vit dans un modeste appartement avec son mari, lui aussi scientifique.
Cette femme studieuse au charme sans charisme est allergique à des machos comme Trump et Poutine, qu’elle domine par son intelligence et son respect absolu du peuple.