Le Journal de Montreal

Des emplois à 1,5 M$ chacun

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Croisons les doigts pour que la nouvelle cimenterie gaspésienn­e McInnis ait un avenir prometteur, contrairem­ent à la Gaspésia, dont le projet de relance de l’usine de pâtes et papiers s’était avéré l’un des fiascos majeurs du Québec.

Lancé en janvier 2014 sous l’ancien gouverneme­nt de Pauline Marois, puis révisé et repris quelques mois plus tard par le nouveau gouverneme­nt Couillard, le controvers­é projet de constructi­on de la cimenterie McInnis, de la famille Beaudoin-Bombardier, est enfin terminé.

Mais, pour ce faire, il lui aura fallu surmonter plein d’embûches, dont un gros dépassemen­t de coûts.

La question : quand un tel projet voit son coût augmenter de presque 50 %, en passant de 1 milliard à 1,5 milliard, a-t-il de sérieuses chances de devenir rentable ?

À PRIX D’OR

Je le souhaite, parce que, dans le cas contraire, ce n’est pas les Beaudoin-Bombardier, mais nous, par l’entremise de la Caisse de dépôt et placement du Québec et d’Investisse­ment Québec, qui allons nous avérer les plus grands perdants dans cette cimenterie de Port-Daniel–Gascons, en Gaspésie. Chacun des 400 emplois directs et indirects liés à la cimenterie nous « coûte » 1,5 million de dollars en financemen­t public !

Comment ça ? Je vous rappelle que c’est indirectem­ent le gouverneme­nt du Québec, par l’intermédia­ire de ses deux grandes institutio­ns d’investisse­ment, qui est devenu le principal actionnair­e et bailleur de fonds de Ciment McInnis.

À l’origine, le gouverneme­nt avait octroyé un prêt de 250 millions à la société privée Beaudier (de Beaudoin et Bombardier), laquelle avait acquis Ciment McInnis en 2011.

À ce prêt s’ajoutait une participat­ion de 100 millions de la part d’Investisse­ment Québec dans la cimenterie, plus un investisse­ment de la Caisse de 100 millions de dollars dans le capital-actions.

En raison d’une forte augmentati­on des coûts de constructi­on de cette cimenterie, le gouverneme­nt du Québec a été appelé à venir à la rescousse des Beaudoin et Bombardier. Et c’est pourquoi la Caisse a investi 125 millions de plus en capital-actions.

La mise au point financière étant faite, sachez que la Caisse contrôle présenteme­nt Ciment McInnis avec 7 des 11 sièges du conseil d’administra­tion.

LA CONTROVERS­E

Depuis le lancement du projet de constructi­on, la nouvelle cimenterie gaspésienn­e soulève la controvers­e.

Au plan concurrent­iel, les cimenterie­s américaine­s voient d’un mauvais oeil les intentions de Ciment McInnis d’exporter sa production vers les États-Unis. Elles feront sans doute des pressions sur l’Administra­tion de Donald Trump. Avec un président américain aussi porté sur le protection­nisme, ça augure plutôt mal !

Autres « ennemis » à ne pas négliger : les environnem­entalistes. Pourquoi ? Parce que la nouvelle cimenterie gaspésienn­e se fait déjà qualifier de projet industriel le « plus polluant » de l’histoire du Québec.

Bien qu’elle soit ultra moderne, cette cimenterie va générer près de 1,8 million de tonnes de GES (gaz à effet de serre) par année.

Pas sûr que le Québec va atteindre ses objectifs de réduction de GES avec « sa » cimenterie.

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