La montée du populisme inquiète le PDG de Cogeco
Louis Audet se base sur le résultat d’un sondage CROP-Cogeco publié hier
Les deux tiers des Québécois sont prêts à élire un candidat ouvertement anti-immigration et 45 % des Canadiens estiment que l’immigration menace la « pureté » du pays, un constat qui inquiète au plus haut point le grand patron de Cogeco, Louis Audet.
Deux Québécois sur trois seraient prêts à voter pour un politicien « populiste » s’engageant à fermer les frontières aux immigrants et aux réfugiés, et à « défendre l’identité nationale » si un tel candidat se présentait aux élections, révèle un sondage CROP-Cogeco, dévoilé hier par le président et chef de la direction de l’entreprise canado-américaine de télécommunication.
M. Audet s’exprimait devant le Cercle canadien de Montréal, hier. Et alors que la plupart des dirigeants d’entreprises s’en seraient tenus à un discours consensuel, Louis Audet a utilisé sa tribune dans l’espoir de faire réagir.
Il se dit préoccupé par les conclusions du sondage, mené du 24 au 29 août, au plus fort de l’afflux de réfugiés d’origine haïtienne à la frontière canado-américaine.
Alors qu’en février seulement 37 % des Canadiens estimaient qu’il y a trop d’immigration au Canada, cette donnée a bondi à 45 %, cinq mois plus tard.
LE QUÉBEC À PART
Sans surprise, le Québec fait classe à part dans le sondage : 17 % des répondants des autres provinces disent qu’ils ne voteraient « jamais » pour un tel candidat anti-immigration, contre seulement 6 % chez les Québécois ; 53 % sont « totalement d’accord » avec l’idée voulant qu’il y a trop d’immigration, contre 42 % dans les autres provinces.
Les personnes moins éduquées et vivant en régions sont davantage d’accord avec ces idées que les personnes ayant fait des études universitaires ou celles vivant dans les grandes villes.
« Le Canada n’est clairement pas à l’abri de l’élection d’un leader populiste », a dit M. Audet. « Quand on voit les dérapages [dans d’autres pays] » et les résultats du sondage, « il est naïf de se dire que ce n’est que pour les autres ».
La solution passe par l’éducation et la création de richesse, selon le chef d’entreprise, qui a rappelé qu’en termes de PIB par habitant, le Québec continue à se positionner dans les derniers rangs en Amérique du Nord, compte tenu des pouvoirs d’achat.