Le Journal de Montreal

RETOMBER AMOUREUX APRÈS UN DEUIL, EST-CE POSSIBLE?

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Le deuil d’un partenaire de vie est un processus éprouvant. Lorsque les plaies seront bien cicatrisée­s, il n’est pas inimaginab­le que le coeur ait l’élan d’aimer une nouvelle fois. Il faut être à l’écoute de ses besoins, suivre son rythme de guérison et ne pas céder à la pression de l’entourage qui souhaite parfois qu’on aille mieux trop vite.

ACCUEILLIR LES ÉMOTIONS POUR GUÉRIR

C’est ce que recommande Amélie Seidah, docteure en psychologi­e, quand on lui demande son avis sur le sujet. Plutôt que de parler du deuil en termes d’étapes, elle insiste sur le fait qu’il faut accueillir les émotions qu’il éveille en nous, accepter de les ressentir sans jugement. Nous avons souvent tendance à vouloir lutter contre les émotions négatives, une réaction normale puisque la tristesse, la peur, la culpabilit­é créent un inconfort. Or, Mme Seidah explique qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions, qu’il faut simplement s’autoriser à vivre ce qui monte en nous plutôt que de chercher à le combattre. En acceptant de ressentir une émotion telle qu’elle se présente, nous évitons de tomber dans l’autocritiq­ue et d’ajouter une couche d’inconfort. Pour nous aider à y parvenir, Mme Seidah propose de projeter notre situation sur une personne qui nous tient à coeur. Nous réagirions sans doute avec beaucoup de compassion et de bienveilla­nce si elle avait à traverser une pareille épreuve. Pourquoi ne pas appliquer le même traitement à nos propres sentiments?

VIVRE LE DEUIL À SON RYTHME

Mme Seidah rappelle que la perte d’un conjoint est vécue très différemme­nt d’un individu à l’autre, il n’y a pas de règle universell­e. Les étapes du deuil généraleme­nt reconnues (chocdéni, colère, marchandag­e, dépression, acceptatio­n) peuvent servir de baromètre et permettre à la personne endeuillée de réaliser qu’il n’est pas anormal de vivre tel type d’émotions. Par contre, il ne faut pas qu’elles deviennent un point de comparaiso­n rigide qui viendrait invalider un cheminemen­t différent.

Se donner tout le temps qu’il faut pour vivre son deuil, en écoutant les émotions qui émergent en soi sans jugement : voilà ce qui permettra d’arriver à retrouver cette paix intérieure et cet état de disponibil­ité préalables aux nouvelles rencontres.

AMOUR COUPABLE?

Pour tous ceux qui ont l’impression de trahir la mémoire du défunt en renouant avec le sentiment amoureux, Mme Seidah rappelle que la culpabilit­é survient lorsqu’on pense avoir fait quelque chose de mal. Or, retomber en amour n’est pas répréhensi­ble ni condamnabl­e; c’est un signe que la vie poursuit son chemin, sans rien effacer, mais en ajoutant de nouvelles couleurs au tableau.

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Amélie Seidah, docteure en psychologi­e

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