Philippe Couillard refuse de s’aplaventrir devant Uber
L’entreprise américaine de transport menace une deuxième fois de quitter la province
Le premier ministre Philippe Couillard n’entend pas céder devant Uber, qui menace de quitter le Québec en raison des nouvelles restrictions imposées par son gouvernement.
« Je ne crois pas que ce soit au gouvernement du Québec de se mettre à plat ventre devant une multinationale », a lancé Philippe Couillard au Salon bleu hier.
L’entreprise qui permet de commander un transport via une application sur un téléphone cellulaire quittera le Québec dès le 14 octobre si le gouvernement Couillard ne recule pas sur sa décision d’imposer à ses chauffeurs une formation de 35 heures (contre 20 heures présentement) ainsi qu’une vérification de leurs antécédents judiciaires par un corps policier.
Le directeur général d’Uber au Québec, Jean-Nicolas Guillemette, affirme que ces nouvelles règles imposeront des « obligations de formation onéreuses ».
Celui-ci indique que les conditions d’opération sont les plus strictes en Amérique du Nord. Présente dans différentes villes en Ontario et en Alberta, Uber souligne également que seule Québec impose des restrictions de formation aux partenaires-chauffeurs.
Québec estime que les deux conditions critiquées par Uber constituent un minimum pour prolonger le projet pilote mis en place l’automne dernier, qui permet à Uber d’opérer dans la province.
PAS DE NÉGOS
« Sincèrement, demander moins que ça, ce serait une erreur », estime le ministre des Transports, Laurent Lessard, indiquant qu’il n’est « pas en négociations », bien qu’il soit prêt à rencontrer l’entreprise.
Arrivée en 2013 à Montréal, la compagnie a été critiquée parce qu’elle contrevenait à la Loi concernant les services de transport par taxi. Avant la mise en place d’un projet pilote, Uber avait déjà menacé de quitter le Québec si le gouvernement obligeait ses chauffeurs à louer un permis.
En Chambre, Philippe Couillard s’est aussi montré « très ouvert à une modulation importante » dans l’application de ces nouvelles exigences, notamment en permettant la formation en ligne.
Mais la menace d’Uber ne fera pas plier le gouvernement. « C’est une décision d’affaires qu’ils auront à prendre », lance le ministre Lessard.
NOUVEAU MODÈLE D’AFFAIRES
Pour le PQ, l’entreprise de San Francisco impose présentement une « concurrence déloyale » et doit opérer selon les règles de l’industrie.
« Dans le fond, il leur dit : “si vous innovez trop, vous n’êtes pas bienvenus au Québec” », dit le chef de la CAQ, François Legault, qui croit que le gouvernement envoie un message négatif aux entreprises.
« Nous devons trouver un moyen d’aligner ces nouveaux modèles [d’affaires] aux anciens, estime Pierre-Yann Dolbec, professeur au département de marketing de l’École de gestion John-Molson. Et ce, pour tous les secteurs, pas seulement dans l’industrie du transport de personnes. C’est ce que fait le gouvernement du Québec actuellement en tentant de redéfinir l’industrie du taxi. »