Les Saoudiennes sont autorisées à conduire
RIYAD | (AFP) Décision historique en Arabie saoudite : le seul pays au monde qui interdisait aux femmes de conduire va finalement les autoriser à prendre le volant, selon un décret royal.
Le roi Salmane a ordonné « de permettre de délivrer des permis indifféremment aux hommes et aux femmes », indique le décret publié hier soir par l’agence officielle SPA.
La mesure doit entrer en vigueur à partir de juin 2018 dans ce royaume ultraconservateur du Golfe.
Dans le cadre d’un ambitieux plan de réformes économiques et sociales pour limiter sa dépendance au pétrole, Riyad semble assouplir certaines des restrictions imposées aux femmes et tente prudemment de promouvoir des formes de divertissement malgré l’opposition des ultraconservateurs, dans un pays où la moitié de la population a moins de 25 ans.
CRITIQUÉE
L’interdiction de conduire imposée aux femmes était vivement critiquée par les organisations de défense des droits de l’Homme.
Avant de l’abolir, le souverain saoudien a pesé les « inconvénients de l’interdiction et ses avantages », précise le décret.
Selon lui, « la majorité des grands oulémas (les docteurs de la foi) était en faveur d’une mesure permettant aux femmes de conduire », marquant ainsi un infléchissement, ces derniers s’y étant vivement opposés dans le passé.
De nombreuses femmes de l’élite saoudienne qui pouvaient conduire à Londres ou à Dubaï, mais pas à Riyad ont tenté de braver cette interdiction en Arabie saoudite, mais ont été systématiquement arrêtées.
TRADITION ET COUTUMES
Les autorités n’avaient pas poursuivi ces femmes en justice, mais avaient toujours exigé qu’elles signent des documents garantissant qu’elles ne récidiveraient pas.
Les militantes affirment que la tradition et des coutumes sont à l’origine de l’interdiction, qui n’obéit à aucun texte islamique ou une décision judiciaire.
La décision de lever l’interdiction de conduire faite aux femmes survient après que les Saoudiennes ont été autorisées à célébrer la fête nationale samedi dans un stade, une première dans le pays.
Hommes et femmes ont dansé dans la rue au rythme de percussions et de musique électronique, des scènes inédites dans un pays connu pour la ségrégation des sexes et une vision austère de l’islam.