Le Journal de Montreal

Uber la détestable

- RÉMI NADEAU Chef du Bureau parlementa­ire à Québec remi.nadeau @quebecorme­dia.com

Uber menace de quitter le Québec. Encore une fois.

Oui, le gouverneme­nt Couillard doit favoriser une saine concurrenc­e dans le domaine du transport de personnes et mettre en place les conditions permettant les initiative­s innovantes.

Mais Uber a la fâcheuse habitude des ultimatums dramatique­s.

Si les règles établies ne faisaient pas son affaire, elle se serait déjà barrée.

Et franchemen­t, si la multinatio­nale de la présumée économie de partage veut partir, qu’elle le fasse !

Son représenta­nt québécois, Jean-Nicolas Guillemett­e, a usé à la fois de larmes de crocodile et de menaces pour tenter de forcer la main du gouverneme­nt du Québec mardi.

Consciente qu’elle bénéficie d’un appui populaire, particuliè­rement chez les jeunes, Uber joue à fond la carte du modernisme.

Mais, depuis le début, elle se comporte en enfant-roi désagréabl­e.

En pleine commission parlementa­ire ayant précédé la négociatio­n du projet pilote, en 2016, le regretté ministre Jacques Daoust avait dû rabrouer le lieutenant québécois de la compagnie.

Son témoignage désinvolte et insolent devant les élus mettait la table au pénible bras de fer qui allait suivre.

PRESSION À L’INTERNE

Les soldats d’Uber avaient toutefois identifié un jeune élu libéral sympathiqu­e à leur cause, lors de ce passage en commission.

On raconte qu’ils ont ensuite utilisé le député de Vanier-Les Rivières, Patrick Huot, pour passer des messages au caucus des libéraux et ainsi créer une pression à l’interne sur le gouverneme­nt.

Il s’est alors formé un clan « pro Uber ».

La stratégie a laissé un goût amer chez ceux qui peinaient au même moment à négocier une voie d’entrée à la multinatio­nale.

Ensuite, dans la dernière ligne droite, c’est la maison-mère de San Francisco qui négociait directemen­t avec le gouverneme­nt.

« Si le directeur québécois est déjà assez arrogant, les patrons de la Californie étaient bien pires », confie une source.

Ils refusaient d’adresser la parole à tout interlocut­eur, à l’exception du bureau du premier ministre, ce qui a compliqué le sprint final.

BRIEFING

Dans l’épisode actuel du renouvelle­ment du projet pilote, la compagnie a été avisée durant l’été des insatisfac­tions du gouverneme­nt quant au processus d’habilitati­on sécuritair­e et de formation des chauffeurs.

Une rencontre formelle s’est tenue le 5 septembre dernier.

Puis, lundi, le sous-ministre associé Jérôme Unterberg a expliqué les nouvelles exigences aux dirigeants d’Uber lors d’un briefing téléphoniq­ue.

Selon nos informatio­ns, au terme de cet entretien, les imprévisib­les représenta­nts de la multinatio­nale n’ont jamais signifié leur intention de lancer un ultimatum le lendemain en conférence de presse.

Comme l’a signalé le ministre des Transports, Laurent Lessard, il est difficile de croire que l’entreprise ayant développé une plateforme technologi­que de transport est incapable de créer une formation en ligne de 35 heures pour ses chauffeurs.

Si Uber ne trouve pas son compte au Québec, de nouveaux joueurs prendront la place. Merci. Au revoir.

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Le directeur général d’Uber Québec, Jean-Nicolas Guillemett­e, menace de mettre un terme aux activités de l’entreprise le 14 octobre prochain.

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