Le Journal de Montreal

Sont fous ces Américains !

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Ça n’a aucun bon sens ! Le départemen­t américain du Commerce a décidé d’acquiescer à la plainte de Boeing et d’imposer des droits compensato­ires de l’ordre de 220 % sur l’importatio­n aux États-Unis des avions de la C Series de Bombardier.

L’imposition de tels droits coupe littéralem­ent les ailes de la C Series, du moins en ce qui concerne le marché américain. Pensez-y deux minutes. Comment les compagnies aériennes américaine­s peuvent-elles se payer des C Series à trois fois le prix de vente desdits avions à leurs concurrent­s des autres pays !

C’est financière­ment impossible.

DROITS ABUSIFS

Boeing peut ainsi dire un gros MERCI au départemen­t américain du Commerce. Grâce à l’imposition de ses droits compensato­ires ultra abusifs, Boeing empêche son petit concurrent canadien de percer le marché américain avec un avion hautement plus moderne et performant que sa flotte de Boeing.

Et le pire dans ce vicieux dossier commercial, c’est de voir le gouverneme­nt américain attaquer l’avionneur canadien sur une catégorie d’avions que Boeing n’exploite même pas présenteme­nt.

Évidemment, la plainte de Boeing contre Bombardier laisse croire que le marché du C Series (de 100 à 160 places) s’apprête à être bientôt envahi par l’avionneur américain… Sinon pourquoi bombarder la C Series ?

Bizarremen­t, le départemen­t américain du Commerce impose des droits nettement supérieurs à la demande que Boeing lui a faite dans sa plainte contre Bombardier. Accusant Bombardier d’avoir bénéficié de subvention­s pour vendre à prix trop faibles ses 75 avions C Series à Delta Airlines, Boeing demandait au gouverneme­nt américain d’imposer des droits de 80 %. Et non de 220 % !

Sur quoi s’appuie le départemen­t américain du Commerce pour fixer à 220 % lesdits droits punitifs ? Sur l’évaluation qu’il a effectuée au sujet de l’aide financière gouverneme­ntale accordée à Bombardier par Québec, Ottawa et le Royaume-Uni.

L’AVENIR

Est-ce à dire que la C Series de Bombardier se dirige maintenant tout droit vers la catastroph­e financière ? Pour le moment, non ! Un : il s’agit d’une décision préliminai­re. Le gouverneme­nt américain pourrait donc la réviser, après tout on est en pleine renégociat­ion de l’ALÉNA. Deux : la Commission du commerce internatio­nal va devoir déterminer si le programme C Series a causé ou pas un quelconque préjudice à Boeing. Précisons ici que Boeing n’était même pas en lice concernant la commande de Delta, n’ayant aucun modèle d’avions à offrir dans le marché des 100 à 160 places.

Et troisième argument de taille : le gouverneme­nt Trudeau a laissé entrevoir qu’il réviserait probableme­nt l’achat des 18 avions de combat Super Hornet que Boeing lui vendrait à coups de plusieurs milliards de dollars.

Gardons espoir !

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