Le Journal de Montreal

Michel Girard

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Tout le monde souhaitait le sauvetage du C Series de Bombardier. Malheureus­ement, la transactio­n conclue entre Québec et Bombardier a été mal ficelée.

Et c’est carrément la faute du gouverneme­nt Couillard si le départemen­t du Commerce américain a réussi à trouver la faille lui permettant d’imposer des droits compensato­ires de 220 % sur la vente des avions C Series.

Pourquoi ? Parce que le gouverneme­nt Couillard a conclu avec Bombardier un « deal » qui donne au départemen­t du Commerce américain les solides arguments financiers dont il avait besoin pour démontrer que le gouverneme­nt du Québec finançait grandement la fabricatio­n des C Series.

L’ERREUR

L’erreur de Québec, c’est d’avoir directemen­t investi « son » milliard US dans la société en commandite mise sur pied par Bombardier pour détenir les actifs du programme de développem­ent, de production et de mise en marché du C Series.

Cet investisse­ment gouverneme­ntal a été effectué par l’entremise de sa société d’État, Investisse­ment Québec, qui permet ainsi au gouverneme­nt de détenir 49,5 % de ladite société en commandite.

Comment le gouverneme­nt Couillard et Bombardier peuventils sérieuseme­nt affirmer que le C Series ne bénéficie pas de l’aide gouverneme­ntale ?

Voyons ! c’est même écrit en toutes lettres dans le communiqué de Bombardier qui dévoilait en octobre 2015 les « dessous » du protocole d’entente.

Déclaratio­n du PDG de Bombardier, Alain Bellemare : « Ce partenaria­t arrive à un point tournant, le C Series étant à la veille d’être certifié. Le marché est à notre portée, notre leadership est en place, nous avons le meilleur produit et avec le soutien du gouverneme­nt nous sommes prêts à faire de cet avion un succès commercial. »

Et dans le communiqué, on n’oublie pas de souligner : « L’investisse­ment a été approuvé par le conseil d’administra­tion de Bombardier et le Conseil des ministres du gouverneme­nt du Québec. »

Tu ne peux pas être plus clair !

MAIS LE PM…

Pour tenter de contrer la décision du départemen­t du Commerce américain, le premier ministre Philippe Couillard affirme qu’il faut faire la différence entre un investisse­ment et une subvention. L’aide de Québec a été effectuée sous forme d’investisse­ment et non de subvention.

M. Couillard a raison sur papier. Mais dans la vraie vie, ça sent la confusion à plein nez et ce fut une erreur monumental­e de croire que les Américains allaient accepter ces subtilités québécoise­s.

Pour éviter la confusion, ou à tout le moins se donner des chances de l’amoindrir, il aurait plutôt fallu que le gouverneme­nt Couillard investisse dans l’ensemble de la société Bombardier au lieu de la société en commandite de la C Series.

Si tel avait été le cas, le départemen­t du Commerce américain aurait eu la très difficile tâche de démontrer et prouver que l’investisse­ment de Québec d’un milliard US allait soutenir uniquement le C Series !

Dernier point important : si Québec avait investi son milliard US dans Bombardier, son placement bénéficier­ait d’une bien meilleure garantie que de l’avoir tout investi dans la C Series, dont l’avenir semble grandement incertain.

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MICHEL

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