Le Journal de Montreal

L’oratoire Saint-Joseph visé par un recours collectif

La Cour d’appel autorise la demande pour des agressions sexuelles subies

- VALÉRIE GONTHIER

La Cour d’appel vient d’autoriser ce qui pourrait devenir le plus gros recours collectif contre les frères de Sainte-Croix et la mythique institutio­n montréalai­se, l’oratoire Saint-Joseph.

« C’est une victoire pour toutes les victimes d’agression sexuelle. Ce recours collectif leur permettra de réclamer des dommages compensato­ires et punitifs pour ce qu’elles ont subi », lance Me Robert Kluger, qui représente l’Associatio­n des jeunes victimes de l’Église.

En août 2015, le juge Julien Lanctôt, de la Cour supérieure, rejetait la demande d’autorisati­on d’une action collective contre l’oratoire Saint-Joseph et la congrégati­on de Sainte-Croix. Or, la Cour d’appel vient d’infirmer la décision.

VICTIMES RECHERCHÉE­S

Cette congrégati­on gère plusieurs lieux de culte, dont l’oratoire.

« C’est une excellente nouvelle, parce que ça va alléger le fardeau des victimes. Qu’on puisse faire un recours collectif évite des déchiremen­ts énormes pour beaucoup de personnes qui attendent depuis longtemps », se réjouit Me Alain Arsenault, qui représente les victimes du recours.

Pour l’instant, le recours englobe une quarantain­e de victimes et vise au moins huit institutio­ns où auraient travaillé des religieux de la Province canadienne de la congrégati­on de Sainte-Croix.

Mais « plusieurs centaines » d’autres victimes pourraient se manifester, selon l’avocat. Le premier recours collectif contre les religieux de cette congrégati­on, qui s’est réglé en 2013, touchait les élèves victimes de sévices sexuels de trois collèges (Notre-Dame, Saint-Césaire, Pohénégamo­ok), et ce, pour une période précise.

Mais pour ce deuxième recours, on tente de rassembler toutes les autres victimes de religieux de Sainte-Croix.

« Ça peut être des institutio­ns qu’on ne connaît pas encore. Parce que, dans le jugement, il n’y a pas de limite dans le temps ni les lieux où les religieux ont fait des victimes. Ça peut être n’importe quel endroit où les religieux de Sainte-Croix ont exercé, institutio­ns, résidences, camps d’été ou autres. On s’attend à ce qu’il y ait plusieurs victimes qui nous contactent », indique Alain Arsenault.

La seule institutio­n visée précisémen­t par l’action collective est l’oratoire Saint-Joseph. C’est là que le représenta­nt du recours aurait subi des sévices sexuels de la part de deux religieux. Identifié par les initiales J.J., l’homme aujourd’hui âgé de 75 ans n’aurait accepté de parler ouvertemen­t de ses agressions qu’en 2011, soit 60 ans plus tard, après le visionneme­nt d’un reportage à la télévision sur les prêtres pédophiles.

DEUX ANS DE SÉVICES

À l’époque, il fréquentai­t l’école Notre-Dame-des-Neiges. Il aurait subi des sévices sexuels une à deux fois par semaine, pendant deux ans, de la part d’un frère qui lui enseignait. Il aurait aussi été victime d’un religieux de l’oratoire Saint-Joseph, après les messes. D’autres enfants pourraient d’ailleurs avoir été victimes à ce lieu culte, dont des membres des Petits Chanteurs du Mont-Royal.

Pour l’instant, il est trop tôt pour déterminer quels montants d’argent seront demandés en réparation.

« ÇA PEUT ÊTRE DES INSTITUTIO­NS QU’ON NE CONNAÎT PAS ENCORE. ÇA PEUT ÊTRE N’IMPORTE QUEL ENDROIT OÙ LES FRÈRES DE SAINTE-CROIX ONT EXERCÉ, INSTITUTIO­NS, RÉSIDENCES, CAMPS D’ÉTÉ OU AUTRES. » – Me Alain Arsenault, qui représente les victimes

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PHOTO D’ARCHIVES Lieu culte à Montréal, l’oratoire Saint-Joseph devra se défendre dans un recours collectif intenté contre des abus de religieux.
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ALAIN ARSENAULT Avocat des victimes

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