Ilperd son micro après avoir voulu diffuser l’info du Journal
Il comptait parler de la faible valeur de la tour où se trouve l’antenne de la station
Le chroniqueur d’une station de radio privée de la Montérégie a démissionné dimanche parce que le propriétaire refusait qu’il mentionne en ondes que deux tours sont évaluées à seulement 136 000 $, car l’antenne de la station est située sur l’une d’elles.
Gilles Pétel agissait comme chroniqueur de l’émission d’affaires publiques Parlons-en, sur les ondes de la radio CJVD-FM, diffusée tous les lundis dans le territoire de Vaudreuil-Soulanges.
Toutefois, le journaliste retraité de 76 ans dit n’avoir eu d’autre choix que de démissionner à la suite de ce qu’il considère comme de l’ingérence du propriétaire de la station, Yves Sauvé.
La raison de la dispute entre les deux hommes est liée à un article publié dans Le Journal samedi qui a révélé que deux tours du Complexe Future étaient évaluées à 136 800 $. Dans les faits, le propriétaire des tours paie moins de taxes sur ces bâtiments qu’un propriétaire de bungalow.
M. Pétel avait choisi ce sujet pour en faire sa chronique de la semaine, mais son patron lui a demandé de ne pas en parler ni à la radio ni sur sa page Facebook personnelle. La raison invoquée par le propriétaire de la station, fondée en 2008, était la peur de représailles du propriétaire de la tour où son antenne est plantée.
« Il m’a dit que l’antenne était située au sommet de la tour de 12 étages et qu’il avait un bon taux locatif. Il avait peur que ça change si on diffusait cette information », a raconté Gilles Pétel au cours d’une entrevue téléphonique.
ULTIMATUM
Après une discussion téléphonique avec son patron et ami de longue date Yves Sauvé, le chroniqueur a posé un ultimatum. La nouvelle devait se trouver minimalement dans un bulletin d’informations quotidiennes de la station, sans quoi il remettrait sa démission.
Dans un courriel envoyé dimanche et dont Le Journal a obtenu copie, le directeur et propriétaire de la station n’a pas tenu compte de l’avis de son chroniqueur.
« Faisant suite à ton courriel d’hier, CJVD FM cesse toute collaboration avec toi, et ce à compter d’immédiatement », peut-on lire dans le courriel écrit par Yves Sauvé à son chroniqueur.
LA FPJQ DÉNONCE
Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Stéphane Giroux, a tenu à rappeler la nécessité que la direction ne s’ingère pas dans le travail des journalistes.
« La FPJQ va toujours prôner un mur entre la direction d’un média et ses journalistes pour s’assurer du travail sans pression indue », a mentionné Stéphane Giroux.
Le président de la FPJQ a toutefois réitéré que c’était le droit du propriétaire de refuser la diffusion d’un reportage.
« Une entreprise de presse a le droit de dire non à un sujet, mais dans le cas où la station avait peur de perdre des revenus, ce n’est pas un motif journalistique », a tenu à nuancer Stéphane Giroux.
De son côté, le directeur de la station CJVD-FM n’a pas rendu ses appels au Journal.
« IL M’A DIT QUE L’ANTENNE ÉTAIT SITUÉE AU SOMMET DE LA TOUR DE 12 ÉTAGES ET QU’IL AVAIT UN BON TAUX LOCATIF. IL AVAIT PEUR QUE ÇA CHANGE SI ON DIFFUSAIT CETTE INFORMATION. » –L’ex-chroniqueur Gilles Pétel