Un expert confirme le délire de l’accusé du Maxi
L’auteur du meurtre croyait bien faire en poignardant une employée du supermarché
Le jeune homme qui a tué une employée d’un Maxi souffrait d’un trouble délirant l’empêchant de distinguer le bien du mal, croit un psychiatre expert de la défense.
« Au moment des événements le 10 avril 2016 […] monsieur était convaincu qu’il posait une action juste », a résumé au jury le Dr Louis Morissette, hier.
Pour cet expert en psychiatrie légale, Randy Tshilumba souffrait d’une « pathologie mentale grave » lorsqu’il a poignardé à 14 reprises Clémence Beaulieu-Patry en plein milieu d’un Maxi de la rue Papineau, à Montréal, où elle travaillait.
COMPLOT
Pour la Couronne, il s’agit là d’un meurtre au premier degré. Quelques jours avant le drame, Tshilumba a été vu dans le même supermarché abordant la victime. Il lui aurait demandé une sortie ensemble, mais la jeune femme de 20 ans avait refusé.
Les deux se connaissaient seulement de vue pour avoir fréquenté la même école secondaire.
En rencontrant l’accusé de 21 ans pendant qu’il était en détention, le Dr Morissette a toutefois conclu que Tshilumba n’était pas amoureux de Clémence Beaulieu-Patry. Au contraire, l’accusé aurait été convaincu que la victime et quatre de ses amies complotaient contre lui, même si ce n’était pas vrai.
Et cette conviction, l’accusé l’a acquise en consultant une page Facebook ainsi qu’une photo d’une amie de la victime avec un « homme barbu ».
« C’est un lien pathologique, un lien malade, mais [Tshilumba] l’a fait, malheureusement, a expliqué l’expert. Ce trouble semble clairement avoir débuté à l’automne 2014 et les persécuteurs identifiés étaient la victime et quelques amies de la victime. »
JUGEMENT PERTURBÉ
Et dans l’année précédant le drame, Tshilumba aurait croisé les amies de Clémence Beaulieu-Patry dans la rue, par hasard. Ces rencontres fortuites auraient amplifié sa croyance erronée que ces filles voulaient sa peau.
« Pour quelqu’un qui souffre de trouble délirant, le hasard n’existe pas », a expliqué l’expert.
C’est dans cet état d’esprit malade que Tshilumba s’est présenté au Maxi le jour du drame, croit le Dr Morissette. Convaincu à tort que la victime était armée et qu’elle allait commettre une tuerie, Tshilumba l’a alors poignardée à mort avant de prendre la fuite.
« À cause de ses croyances délirantes envers la victime, [l’accusé] s’est cru en danger », peut-on lire dans le rapport déposé en preuve au procès. Cette fausse croyance perturbait son jugement, interférait avec sa capacité habituelle de respecter les normes sociales. »
TROUBLE DÉLIRANT
Ainsi, Tshilumba serait convaincu d’avoir agi de façon « correcte » et « appropriée ».
Mais si le Dr Morissette a conclu à un trouble délirant et un délire de persécution, il a toutefois mentionné qu’un autre psychiatre expert avait conclu à la schizophrénie.
Mais dans les deux cas, il s’agit de maladies psychotiques et le traitement est similaire, a-t-il ajouté.
Le témoignage du Dr Morissette se poursuit aujourd’hui.