Le Journal de Montreal

Un expert confirme le délire de l’accusé du Maxi

L’auteur du meurtre croyait bien faire en poignardan­t une employée du supermarch­é

- MICHAËL NGUYEN

Le jeune homme qui a tué une employée d’un Maxi souffrait d’un trouble délirant l’empêchant de distinguer le bien du mal, croit un psychiatre expert de la défense.

« Au moment des événements le 10 avril 2016 […] monsieur était convaincu qu’il posait une action juste », a résumé au jury le Dr Louis Morissette, hier.

Pour cet expert en psychiatri­e légale, Randy Tshilumba souffrait d’une « pathologie mentale grave » lorsqu’il a poignardé à 14 reprises Clémence Beaulieu-Patry en plein milieu d’un Maxi de la rue Papineau, à Montréal, où elle travaillai­t.

COMPLOT

Pour la Couronne, il s’agit là d’un meurtre au premier degré. Quelques jours avant le drame, Tshilumba a été vu dans le même supermarch­é abordant la victime. Il lui aurait demandé une sortie ensemble, mais la jeune femme de 20 ans avait refusé.

Les deux se connaissai­ent seulement de vue pour avoir fréquenté la même école secondaire.

En rencontran­t l’accusé de 21 ans pendant qu’il était en détention, le Dr Morissette a toutefois conclu que Tshilumba n’était pas amoureux de Clémence Beaulieu-Patry. Au contraire, l’accusé aurait été convaincu que la victime et quatre de ses amies complotaie­nt contre lui, même si ce n’était pas vrai.

Et cette conviction, l’accusé l’a acquise en consultant une page Facebook ainsi qu’une photo d’une amie de la victime avec un « homme barbu ».

« C’est un lien pathologiq­ue, un lien malade, mais [Tshilumba] l’a fait, malheureus­ement, a expliqué l’expert. Ce trouble semble clairement avoir débuté à l’automne 2014 et les persécuteu­rs identifiés étaient la victime et quelques amies de la victime. »

JUGEMENT PERTURBÉ

Et dans l’année précédant le drame, Tshilumba aurait croisé les amies de Clémence Beaulieu-Patry dans la rue, par hasard. Ces rencontres fortuites auraient amplifié sa croyance erronée que ces filles voulaient sa peau.

« Pour quelqu’un qui souffre de trouble délirant, le hasard n’existe pas », a expliqué l’expert.

C’est dans cet état d’esprit malade que Tshilumba s’est présenté au Maxi le jour du drame, croit le Dr Morissette. Convaincu à tort que la victime était armée et qu’elle allait commettre une tuerie, Tshilumba l’a alors poignardée à mort avant de prendre la fuite.

« À cause de ses croyances délirantes envers la victime, [l’accusé] s’est cru en danger », peut-on lire dans le rapport déposé en preuve au procès. Cette fausse croyance perturbait son jugement, interférai­t avec sa capacité habituelle de respecter les normes sociales. »

TROUBLE DÉLIRANT

Ainsi, Tshilumba serait convaincu d’avoir agi de façon « correcte » et « appropriée ».

Mais si le Dr Morissette a conclu à un trouble délirant et un délire de persécutio­n, il a toutefois mentionné qu’un autre psychiatre expert avait conclu à la schizophré­nie.

Mais dans les deux cas, il s’agit de maladies psychotiqu­es et le traitement est similaire, a-t-il ajouté.

Le témoignage du Dr Morissette se poursuit aujourd’hui.

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RANDY TSHILUMBA Accusé

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