L’éclipse Bombardier
Appel de Philippe Couillard à l’unité nationale. Climat soudain de guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis. Une industrie québécoise majeure en état de siège. Bref, on se croirait face à une crise politique majeure.
Le tout résulte du coup de massue asséné à Bombardier par le département américain du Commerce. Tout avion de la C Series acheté aux États-Unis serait frappé de droits compensatoires stratosphériques de 219,63 %.
La décision a beau n’être que préliminaire, des milliers d’emplois et des milliards de dollars en fonds publics québécois et canadiens « investis » dans la C Series sont néanmoins en jeu. Les guerres, même commerciales, coûtent toujours cher.
CORDE RAIDE
Sur le plan politique, le premier ministre Couillard marche sur une corde raide. Fortement critiqué dès le début pour son choix fort risqué d’avoir investi dans la C Series au lieu de Bombardier lui-même, le dénouement ultime de cette histoire en 2018 ne sera pas sans conséquence pour son gouvernement.
En pleine année électorale, si cette saga débouche miraculeusement sur l’annulation de la décision aberrante du département américain du Commerce, Philippe Couillard aura gagné son pari. À l’opposé, si Bombardier en sort encore plus fragilisé et que le trésor public en souffre, le premier ministre en sera tenu responsable.
MAMELLES GÉNÉREUSES
Les mamelles québécoises et canadiennes nourrissent généreusement le « soldat » Bombardier depuis longtemps. À la condition, par contre, que les emplois de qualité soient au rendez-vous, que notre industrie aéronautique se solidifie et que les fonds publics « investis » ne soient pas jetés par les fenêtres.
Or, pour le moment, rien n’est moins sûr. Aussi insensé que soit ce nouveau coup de Jarnac venu de notre « voisin » du Sud, il est non moins réel.
Bomber le torse devant l’éléphant américain est une chose attendue. Remporter la mise en bout de piste risque toutefois d’être une tout autre paire de manches.